Les acteurs d'Une belle mort, de Léa Pool, n'ont pas tourné hier matin en raison du mauvais temps. Faisait froid. Faisait pluie. Le film traite de la mort et de la maladie. Pourtant, tout le monde souriait sur le plateau.

Techniciens et comédiens parlaient du plaisir de travailler avec une cinéaste comme Léa Pool. Sa feuille de route impressionne - Anne Trister, À corps perdu, Emporte-moi - tout comme sa détermination à s'attaquer à des sujets complexes, émouvants.

«Maman est chez le coiffeur et Une belle mort (d'après le roman de Gil Courtemanche), ce sont deux extrêmes, les deux pôles de la vie. L'enfance versus la vieillesse. Cette fois, j'essaie de voir comment on peut aider nos parents à vieillir bien», explique-t-elle.

Elle avoue s'être accrochée davantage aux histoires et à la réalité avec le temps. Mais ce long métrage peut être considéré comme un film à message, selon elle, avec une approche visuelle originale.

«Je pose des questions. J'interpelle. C'est un film qui parle de la mort d'une façon assez particulière. Ce n'est pas une tragédie grecque. Je voudrais que tout le monde se reconnaisse dans cette famille québécoise. On souhaite tous avoir une belle mort», croit la cinéaste.

La belle mort est celle de Jacques Godin qui interprète un père autrefois violent et autoritaire, maintenant diminué par la maladie de Parkinson.

«C'est un beau rôle. Ça m'intéresse beaucoup ce genre de personnage, y trouver quelque chose qui le rende humain. Les beaux textes sont de plus en plus rares. C'en est un», souligne l'acteur de 78 ans en pleine forme, qui dit faire du sport cinq jours par semaine.

Sa femme dans le film, interprétée par Andrée Lachapelle, le supporte du mieux qu'elle peut. Son fils, Yves Jacques, passe de la haine à la volonté de réconciliation avec cet homme méconnaissable.

«Il y a quatre rôles principaux. C'est une très belle histoire où mon personnage va finir par éprouver de l'empathie pour un homme qu'il a toujours détesté», raconte celui qui passe la moitié de son temps en France, disant faire partie «d'une grande troupe internationale» désormais.

Elle aussi très occupée par le théâtre et le cinéma, toujours en beauté et en sagesse, Andrée Lachapelle, s'est dite heureuse d'interpréter un personnage aux prises avec les tourments de l'âge en compagnie de tels acteurs.

«Le partenaire c'est la moitié de notre talent», dit-elle. Sachant ménager son énergie, elle estime en avoir plus que beaucoup de plus jeunes collègues.

«Je sais que je ne serai pas comme ça pendant 20 ans, mais ça ne m'effraie pas de vieillir. C'est une belle vie. J'ai été choyée. Les jeunes, aujourd'hui, manquent de travail et ça m'inquiète», dit-elle.

Coproduction luxembourgeoise

S'il réunit pour la première fois Jacques Godin et Andrée Lachapelle en tant que couple cinématographique, Une belle mort est aussi la toute première coproduction québécoise avec le Luxembourg, une solution «très avantageuse», selon la productrice Lyse Lafontaine. La participation luxembourgeoise couvrait près de 35 % du budget de 5,4 millions à condition d'y tourner plus de la moitié du film. Toutes les scènes intérieures ont été tournées là-bas, même si l'action se déroule au Québec.

«Si on obtient le maximum de la SODEC et de Téléfilm, ce n'est pas nécessaire, dit-elle. Mais c'est très difficile maintenant, surtout à Téléfilm, d'avoir du financement. On ne peut pas rentrer chez soi et pleurer sur son sort. On a besoin de ce genre de participation financière.» Tout s'est déroulé rondement, ajoute-t-elle, et, hier, le compte à rebours était commencé. Plus que quatre jours de tournage. Mais Léa Pool n'avait pas encore décidé de la fin à donner à son film sur la mort.

«Je ne veux pas donner de réponse aux spectateurs et je ne ferai pas dans le politiquement correct. Ce sera une fin assez provocatrice», conclut-elle.