«Ceci n'est pas un remake.» La phrase a été prononcée par Denzel Washington, puis par le réalisateur Tony Scott et le scénariste Brian Helgeland, le trio invité à parler aux journalistes de The Taking of Pelham 1 2 3, le... non-remake du film de Joseph Sargent, qui date de 1974 et était inspiré du roman de John Godey.

C'est d'ailleurs là, au livre plutôt qu'au long métrage, que sont retournés les artisans de ce thriller qui suit le détournement d'un wagon de métro, à New York. Un certain Ryder (incarné par un John Travolta survolté et méconnaissable), qui a un compte à régler avec la Grosse Pomme (rien de moins), prend en otages les passagers du Pelham 1 2 3.

À l'autre bout des ondes (ils communiquent par radio), dans le centre de contrôle du métro new-yorkais, le répartiteur qu'incarne un Denzel Washington lui aussi méconnaissable: l'acteur à très belle prestance a choisi, pour l'occasion, de sortir la carte de l'homme plus qu'ordinaire.

«Le projet m'intéressait mais je ne voulais pas refaire Inside Man, où j'étais policier et otage. Je voulais être un gars ordinaire et c'est ce qu'est Garber: un type compétent dans son travail qui fait face à un problème qui n'est pas de son ressort auquel il n'a absolument aucune solution», explique-t-il.

Et cet homme ordinaire en lui, il l'a trouvé comment? «J'ai mangé, beaucoup (note: ce qui explique la silhouette rondelette qu'il affiche dans le film... et dont il s'est, depuis, départi). J'ai accepté de porter les vêtements que vous avez vus (note: en effet, c'est assez mémorable dans le registre «ordinaire»). Et pour les lunettes, c'est lui, le responsable.»

Lui étant Tony Scott, avec qui l'acteur collabore pour la quatrième fois après Crimson Tide, Man on Fire et Déjà Vu. «Ne me demandez pas pourquoi ni comment nous en sommes arrivés à ce look, fait le vétéran réalisateur. Je fais beaucoup de recherches avant de commencer à tourner et les choses prennent leur place de manière organique. Ça va de l'apparence très high-tech du centre de contrôle du métro aux lunettes de Denzel, de la bande sonore aux tatouages de John.»

John pour John Travolta. En deuil de son fils de 16 ans, Jett, qui a succombé à une attaque foudroyante au début de l'année, il ne participait pas aux activités promotionnelles entourant la sortie du film. Denzel Washington lui a parlé récemment: «En fait, je l'ai écouté pendant deux ou trois heures. Il n'y a rien d'autre à faire dans des cas comme ça», a indiqué l'acteur avec une gravité soudaine lui dont le ton était jusque-là à la légèreté.

Ainsi, lorsqu'un journaliste est revenu sur l'élection de Barack Obama une question désormais inévitable en présence des personnalités afro-américaines le comédien y est allé d'un: «Oh, mais il est excellent dans le film, vous ne trouvez pas?» Avant de revenir à la raison de sa présence devant les médias. The Taking of Pelham 1 2 3. Et à son rapport avec le métro new-yorkais, qu'il a beaucoup fréquenté durant sa jeunesse.

«On a tous fait ça, descendre sur les rails... mais on n'osait pas aller trop loin au cas où un train arriverait. Et puis, quand on rentrait à la maison au milieu de la nuit, on a tous vu ces hommes qui travaillaient dans les tunnels. Pendant le tournage, c'était nous, ces hommes! Nous avons découvert un nouveau monde, sous la ville.»

Un monde que John Travolta a fréquenté plus que lui, puisqu'il incarne le preneur d'otages. «Nous passons peu de temps à l'écran ensemble mais pendant tout le tournage, nous étions là l'un pour l'autre: il m'a donné la réplique, off caméra, pendant trois semaines; et j'ai fait de même pour lui, plus tard.»

Pour faire le lien entre eux, New York. «La ville est le troisième personnage principal du film, note Tony Scott. D'un côté, il y a l'aspect sombre et vétuste des tunnels. De l'autre, la modernité du centre de contrôle, qui ressemble à un centre de la NASA.»

L'ombre et la lumière, couleur des personnages? Pas du tout. Autant le réalisateur que le scénariste ont évité le manichéisme: «John est un homme qui a un grand coeur, qui est drôle et intelligent. Tout cela teinte son personnage... même s'il est le «méchant» de l'intrigue un méchant qui n'agit pas que pour une seule question d'argent, mais parce qu'il est persuadé qu'il a été victime d'une injustice. Quant à Denzel, son personnage est en quête de rédemption, il possède lui aussi une part d'ombre», poursuit Tony Scott.

Pour créer Ryder et Garber, Brian Helgeland s'est éloigné de ceux qu'ont autrefois incarnés Robert Shaw et Walter Matthau: «L'idée de départ est la même que celle du film de John Sargent et du roman; un wagon de métro est détourné et ses passagers sont pris en otages, fait le scénariste. Mais les motivations des personnages sont très différentes. En fait, je me suis servi d'un point de départ et du titre dont Sony possédait les droits pour construire ma propre histoire.»

D'où: «Ceci n'est pas un remake.»

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1 PELHAM: LE BON...

Denzel Washington a été attiré par le rôle de Walter Garber parce que, pour une fois, il n'avait pas à jouer les héros: «Je ne suis pas une vedette, je suis un acteur.» Et, ici, un fonctionnaire municipal. «J'ai imaginé que Garber avait commencé à travailler pour le métro à 17 ans, sur les rails, et qu'il avait grimpé les échelons, petit à petit.» Un employé consciencieux, zélé. Mais il fait l'objet d'une enquête pour faute professionnelle. Bref, dans ce duel avec Ryder, il cherche une forme de rédemption.

2 RYDER: LA BRUTE...

John Travolta incarne ici Ryder. Un personnage que Brian Helgeland a créé en s'inspirant d'un homme qui a vraiment grandi à Brooklyn, a fait son chemin jusqu'à Wall Street et s'est finalement retrouvé en prison pour crime économique. Or, la prison change les gens, le scénariste le savait. Il a bâti, à partir de là, la bombe à retardement qu'est Ryder: «Un type aussi intelligent que colérique. Il peut exploser à tout moment. Faire preuve de pitié et, trois secondes plus tard, être pris d'une rage assassine.»

3 ET L'ENVIRONNEMENT

New York est le troisième personnage principal du film. Et si la frénésie de la métropole est bien rendue à l'écran, c'est que le tournage s'est en partie déroulé dans ses rues et ses tunnels. Pour ce qui est de celui qui règne sur la ville, son maire, le scénariste Brian Helgeland a commencé à l'imaginer comme Rudolph Giuliani... pour le boucler manière Michael Bloomberg. Mais c'est le côté italien qui émerge du personnage, puisqu'il est incarné par l'ancien chef du clan Soprano, James Gandolfini. «Nous lui avons proposé le rôle mais il a refusé en disant: C'est trois lignes, ce n'est pas un rôle. Je lui en ai donc écrit d'autres.»

The Taking of Pelham 1 2 3 (Pelham 1 2 3: l'ultime station) prend l'affiche le 12 juin.


Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Sony Pictures