Cameron Diaz dans la peau d'une mère courage prête à tout sacrifier pour empêcher le destin de faire son sale boulot avec une adolescente atteinte de cancer? Le cinéaste Nick Cassavetes y a cru. Et offre à l'actrice l'occasion de se faire valoir en explorant une autre facette de son talent.

Cameron Diaz ne sort finalement pas de sa tanière très souvent. Il y a déjà quelques années, l'actrice a sciemment fait le choix de ne pas consacrer sa vie uniquement au boulot. Depuis The Holiday (Nancy Meyers), elle n'a été vue "en vrai" au cinéma que dans What Happens in Vegas, une comédie dans laquelle elle donne la réplique à Ashton Kutcher. Celle qui prête sa voix à Fiona, la célèbre princesse de Shrek, ne s'est toutefois pas du tout posé de questions le jour où elle est tombée sur le scénario de My Sister's Keeper, un drame réalisé par Nick Cassavetes.

"J'aurais dû m'interroger sur le fait qu'on fasse appel à moi pour incarner la mère d'une adolescente de 16 ans! faisait remarquer l'actrice au cours d'une rencontre de presse récemment tenue à Los Angeles. J'ai évidemment l'âge du personnage, là n'est pas la question. Mais il s'agit quand même de la première fois où l'on me demande de jouer la mère d'une jeune fille au cinéma. Or, je n'ai pas réfléchi en lisant le scénario. J'ai été complètement hantée par l'histoire dans son ensemble, et aussi par le parcours particulier de cette femme. Même si je ne suis pas toujours d'accord avec ses actions, jamais je ne me permettrais de la juger. La détermination dont elle fait preuve me fascine particulièrement."

Un contre-emploi

Reconnue pour son indépendance d'esprit, celle dont les liaisons sentimentales font les choux gras de la presse spécialisée a jusqu'ici plutôt fait sa niche dans les comédies romantiques. En un sens, My Sister's Keeper constitue un contre-emploi.

"Cameron représente la beauté, la jeunesse, l'innocence, précise le cinéaste Nick Cassavetes. J'ai fait appel à elle parce qu'elle est d'abord une incroyable actrice, mais aussi parce que le genre de drame que nous évoquons dans le film survient dans la vie de quelqu'un sans crier gare, sans qu'on puisse s'y préparer."

L'actrice a d'ailleurs pu mesurer cette vision des choses de très près, son propre père ayant subitement perdu la vie au beau milieu du tournage. "Ce fut d'autant plus un choc que cette perte fut inattendue, résume Cameron Diaz. Je ne m'en suis pas encore remise, d'ailleurs. Le deuil est long à faire. Je me devais de retourner au travail et de retrouver l'équipe du film. Cela m'était nécessaire. Ils me furent tous d'un très grand soutien."

Forcément, ce drame personnel a eu une résonance dans un film où il est justement question de vie et de mort.

Inspiré d'un roman à succès de Jodi Picoult, le récit de My Sister's Keeper s'attarde à décrire la crise que traverse une famille frappée par la maladie incurable de l'un de ses membres. Quand ils ont appris que Kate, leur fille âgée de 2 ans, était atteinte de leucémie et qu'aucun donneur n'était compatible pour une greffe de moelle osseuse, Sara (Cameron Diaz) et Brian (Jason Patric) ont en effet conçu un autre enfant dans le but précis de sauver la vie de leur aînée. Aujourd'hui âgée de 11 ans, Anna (Abigail Breslin) attaque ses parents en justice, alléguant avoir subi diverses procédures médicales, dont certaines très difficiles, contre son gré.

Qu'adviendra-t-il de la santé de la soeur malade (Sofia Vassilieva) si la cadette gagne sa cause? Et surtout, comment la vie familiale peut-elle survivre dans un tel contexte?

"Voilà l'aspect le plus intéressant de cette histoire, fait remarquer Cameron Diaz. La cellule familiale est alors menacée dans son intégrité. Je crois qu'il s'agit d'un trait assez commun dans les familles où l'un des membres requiert des soins spécifiques et exige plus d'attention. Tous les autres doivent s'ajuster à cette réalité. Ce n'est pas toujours évident."

L'actrice a dû en outre puiser en elle des ressources insoupçonnées, histoire de faire écho à la force de caractère d'une femme qui ne veut baisser les bras sous aucun prétexte, quitte à faire preuve d'acharnement envers le destin.

"Cette femme ne pleure pas, elle agit, précise celle qu'on verra aussi dans The Box, le nouveau film de Richard Kelly (Donny Darko). Parce qu'elle sait très bien que si sa fille vient à mourir, sa vie n'a plus aucun sens. Sur le plan du jeu, il ne faut pas se laisser aller dans l'émotion. J'ai parfois trouvé cela difficile."

Cameron Diaz dit par ailleurs être bien consciente de faire partie des privilégiés de ce monde.

"Oui la vie est très bonne pour moi. J'ai des hauts et des bas comme tout le monde mais je m'amuse. À vrai dire, j'ai le sentiment, à ce stade-ci de ma vie, que la gratitude est le plus beau sentiment que je puisse exprimer. Exprimer ma gratitude envers ceux que j'aime me comble."

My Sister's Keeper (Ma vie pour la tienne en version française) prend l'affiche le 26 juin.

Abigail Breslin

L'inoubliable interprète de Little Miss Sunshine, qui avait obtenu une nomination aux Oscars dans la catégorie de soutien, se glisse cette fois dans la peau d'une préadolescente qui remet en question la raison même de son existence. Conçue par ses parents dans le but spécifique de servir un jour de donneur à sa soeur atteinte de leucémie, la petite Sara va même jusqu'à attaquer ses parents en justice pour reprendre possession de son corps.

"Cette jeune fille est dans une position intenable depuis sa naissance, explique l'actrice. Elle se trouve à un tournant de sa vie. Elle a toujours été coincée entre sa soeur, dont elle comprend les besoins spécifiques, et sa famille, sans qu'elle ne puisse jamais vraiment trouver son identité. Il s'agit d'un rôle très particulier à jouer, très différent de ce que j'ai fait jusqu'à maintenant en tout cas!"

Sofia Vassilieva

Connue surtout par les admirateurs de la télésérie Medium, Sofia Vassilievia a dû se résigner à modifier son apparence pour rendre son personnage, atteint de leucémie, le plus crédible possible.

"Ce n'est pas tant la transformation physique, ni le fait d'avoir la tête rasée, qui est difficile, mais plutôt la charge émotionnelle qui accompagne ce genre d'histoire. Moi qui suis très pleureuse de nature, j'ai été bien servie! En fait, c'est le sentiment d'isolement qui est le plus troublant. Les autres membres de la famille ont beau entourer Kate du mieux qu'ils peuvent, il reste qu'une personne reste toujours seule face à la mort. Comme cette jeune femme sait très bien que la fin approche à plus ou moins brève échéance, elle se doit de couper les liens avec sa famille d'une certaine façon. C'est absolument déchirant."

Coeur de père

Après Alpha Dog, un film gorgé de testostérone, Nick Cassavetes était revenu au style qui lui avait valu sa notoriété il y a quelques années grâce à The Notebook. Le scénario de My Sister's Keeper, tiré du roman de Jodi Picoult, a d'ailleurs été écrit par Jeremy Leven, celui-là même qui avait signé l'adaptation du roman de Nicholas Sparks.

Mais le cinéaste n'y voit là que pure coïncidence.

"Les thèmes de la vie, de la mort, de la famille sont ceux qui m'interpellent particulièrement, explique-t-il. Forcément, il doit y a avoir quelques recoupements, surtout quand on fait partie de ceux qui estiment plus important de traiter ces thèmes fondamentaux au cinéma que de faire des films où tout explose!"

Au-delà de cette vision des choses, le scénario de My Sister's Keeper touchait le fils des mythiques John Cassavetes et Gena Rowlands de façon intime.

"J'ai trois enfants. Notre deuxième fille est née avec une malformation cardiaque et réclame beaucoup de soins. Du jour au lendemain, ta vie change. Et tu te réveilles avec de nouvelles responsabilités, de nouvelles préoccupations. Aujourd'hui, je vois cette expérience avec ma fille comme une immense richesse. J'ai vécu des choses extraordinaires avec elle. Des choses que je n'aurais probablement jamais pu vivre autrement."

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Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros. (New Line Cinema).