Après avoir vu sa sortie repoussée de huit mois, Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé arrive finalement au grand écran. Adaptation du sixième des sept romans de la saga signée J.K. Rowling, le long métrage de David Yates met la table pour l'épisode final, Harry Potter et les Reliques de la Mort, qui fera l'objet de deux films - sorties respectives en novembre 2010 et en juillet 2011.

Les mêmes acteurs, réalisateur, scénariste, producteurs seront à la barre de ce diptyque. Mais s'ils ont déjà un pied - et même deux - dans la prochaine aventure, ils ont eu, au cours des derniers jours, à revenir en arrière et se souvenir de leur voyage en compagnie du mystérieux Prince de Sang-Mêlé. Rencontre avec les artisans d'un film où se côtoient Grande Faucheuse et grandes amours, où se mêlent tragédie et comédie.

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Officiellement, c'est parce que le studio Warner n'avait pas de superproduction à son programme cet été que la sortie de Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé a été repoussée à mercredi, alors qu'elle était prévue pour novembre dernier.

Ce n'est peut-être pas une mauvaise chose, cette adaptation du sixième roman de J.K. Rowling ayant, sur pellicule plus que sur papier, un air estival: si on y a la gorge serrée - comme le savent ceux qui ont lu le livre, le récit se termine par la mort d'un personnage important et aimé - on y rit aussi plus que dans les opus précédents.

Tragédie et comédie marchent ici main dans la main. À l'image des couples qui se font - et, aussi, se défont - entre les murs de Poudlard. «L'amour, se sentir aimer, embrasser des filles... tout cela devient plus important en temps de guerre», souligne en conférence de presse à New York Steve Kloves - qui a scénarisé tous les «Harry Potter» (les deux derniers compris), à l'exception du cinquième, L'Ordre du Phénix.

Or, c'est la guerre au pays: menés par Voldemort, les sorciers renégats, dits Mangemorts, attaquent ouvertement les «gentils» sorciers dont font partie Harry, Hermione et Ron (Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint), faisant même des victimes parmi les Moldus. L'atmosphère est lourde à l'école de sorcellerie, entre autres protégée par son directeur, Albus Dumbledore (Michael Gambon), toutefois préoccupé par une quête qui l'entraîne régulièrement hors-les-murs de Poudlard.
Et pourtant. L'endroit est aussi le lieu de quelques chassés-croisés amoureux typiques à l'adolescence: après tout, nos héros, interprétés par de jeunes acteurs flirtant avec la vingtaine, vivent à l'heure du (pas toujours) sweet sixteen.

Des acteurs plus matures

Pour cela, «c'est un film complètement différent des autres, qui n'aurait pas été réalisable plus tôt: Daniel, Emma et Rupert ont affiné leur talent et peuvent, maintenant, jouer la comédie - qui est si difficile à rendre si on veut qu'elle vienne des personnages et pas seulement des situations», avance le réalisateur David Yates, qui était à la barre du film précédent et est actuellement à celle des deux derniers, basés sur le roman Les Reliques de la Mort.

Et le trio était non seulement prêts pour cette nouvelle aventure, mais désireux d'y plonger.

«C'était un défi, mais j'ai aimé montrer une facette plus vulnérable et émotive de Hermione. Elle est déstabilisée: elle qui aime tellement être en contrôle, ne peut rien faire contre les sentiments qu'elle éprouve pour Ron - qui n'est certainement pas le garçon que... intellectuellement, elle aurait choisi!» affirme Emma Watson selon laquelle «tous ces moments plus légers ajoutent du relief et de l'impact aux scènes dramatiques».

Rupert Grint, lui, grimace un sourire maintenant connu des journalistes qui le suivent depuis ses débuts, en 2001, dans la peau de Ron: «C'est la meilleure année pour Ron! Il joue dans l'équipe de Quidditch et il est bon, les filles lui courent après et il est prêt...» Plus sérieux mais pouvant soudain se mettre à parler d'une voix tonitruante, accélérant le débit et modifiant sa gestuelle pour imiter un tel ou tel autre (de cela aussi, les journalistes potteriens sont à présent au fait), Daniel Radcliffe évoque quant à lui le changement dans la relation de Harry avec Dumbledore. «Ils étaient jusqu'ici maître et élève. Mais la mission qu'ils vont effectuer ensemble sera en fait un rite de passage. Dumbledore initie Harry à ce qu'il devra faire. C'est le passage du flambeau: Harry devient celui qui aura à affronter Voldemort.»

Au nom des personnages

Mais l'expérience n'est pas le seul facteur qui a permis aux trois jeunes comédiens d'apporter nuances - en gravité et en comédie - à leurs personnages. Il y a, aussi, le travail d'écriture de Steve Kloves: «Ma mission est celle de gardien des personnages. Je veille à conserver leur essence, ils sont ce qu'il y a de plus important dans mon travail, plus que l'histoire», fait le scénariste qui, comme le fait remarquer David Yates, «n'écrit pas seulement pour les personnages mais pour les acteurs: il connaît leurs forces, leurs capacités, leurs goûts, il exploite tout ça. En fait, j'ai l'impression qu'il écrit également pour moi, qu'il sait jusqu'où et dans quelle direction me pousser».

Pas pour rien, note ici le producteur David Heyman, que J.K. Rowling permette à Steve Kloves de glisser dans les scénarios des choses qui n'était pas dans les romans: «Elle pense qu'il a sa voix. Et, en effet, ce qu'il ajoute se mêle organiquement au monde de Jo.» Qu'il parvient à ne pas affaiblir malgré les coupures, les modifications. Les choix, innombrables. C'est ce qui fait de lui le grand interprète d'une oeuvre, plutôt qu'un simple adaptateur.

Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé prend l'affiche le 15 juillet

Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Warner Bros