Depuis sa comédie romantique Les aimants en 2003, Yves Pelletier espérait tourner son deuxième long métrage, Le baiser du barbu. Ce sera chose faite le 30 juillet, après 24 jours de tournage à Montréal pour une comédie que le réalisateur et scénariste souhaite fine et légère.

Pas de rires gras ou d'effets abracadabrants. Dans Le baiser du barbu, les effets spéciaux, ce sont les comédiens, prévient Yves Pelletier. «C'est une comédie, et je n'ai pas le temps de faire du spectaculaire», dit le réalisateur et scénariste, rencontré lors du tournage du film.
Yves Pelletier a pris soin de s'entourer de comédiens populaires - Isabelle Blais (Jutra de la meilleure actrice et héroïne des Aimants), David Savard, Hélène Bourgeois-Leclerc, Pierre-François Legendre ou encore David Boutin, Alexis Martin et Bénédicte Décary. «Ce sont des comédiens qui ont le souci du détail et le sens du comique», dit le réalisateur.

L'intrigue, elle, est peu touffue et peu convenue. Benoît (David Savard) est un comédien qui, jusque-là, n'a pas croisé le succès sur sa route. Par superstition, il décide, à l'instar des joueurs de hockey, de faire tourner sa chance en se laissant pousser la barbe.

« Tout se met à fonctionner, mais Vicky, sa blonde (Isabelle Blais) a des allergies», résume David Savard. «Quand elle voit que son chum a du succès, ça la confronte. Elle ne réagit pas très bien au succès, elle vit des moments difficiles», explique Isabelle Blais.

La comédienne se félicite de revenir, après Borderline, dans les eaux de la comédie. «J'aime changer de style, j'aime me lancer dans des univers différents. Après Borderline, ça fait du bien. C'est plus léger, dit la jeune maman, qui mène aussi de front sa carrière de chanteuse. La comédie, c'est toutefois tout un défi à relever.»

Les tribulations d'un imberbe devenu barbu, Yves Pelletier connaît. Sur le tournage du film Camping sauvage, il propose en effet au réalisateur Guy A. Lepage de se laisser pousser la barbe pour jouer un motard. «Il fallait que je m'adapte : ça piquait ma blonde, et sur le plan social, les gens ne me regardaient pas de la même façon, dit-il. La barbe est devenue un prétexte pour parler de la vie de couple.»

Un tournage serré

Les introspections de Benoît ouvrent ainsi un bel espace de jeu pour son interprète. «Ce que j'aime dans mon personnage, c'est qu'il se promène beaucoup dans plusieurs zones. Il a beaucoup de mises en abysses et c'est un beau défi d'acteur», dit-il. Le rythme de tournage, rapide, ne le déstabilise pas. «C'est très serré, mais je me suis bien préparé.»

Avec 3,4 millions de budget, le film est en effet tourné avec quelques contraintes. «Le financement a été difficile», se désole la productrice de GO Films, Nicole Robert. Après plusieurs dépôts, la SODEC a finalement accepté de financer le film. Cela n'a pas été le cas de Téléfilm Canada et la productrice a bouclé son budget avec l'aide de partenaires privés et en investissant sa propre enveloppe à la performance.

«3,4 millions, c'est pas énorme : si tu regardes le casting, ce sont des comédiens qui acceptent de le faire à moindre coût. Il y a beaucoup de juniors aussi sur l'équipe. On a 24 jours de tournage, mais aussi des effets spéciaux à faire», dit-elle.

«Ce que je propose ne rentre pas dans une case, explique Yves Pelletier. Il n'y a pas de gags ni de répliques assassines, on est plus proches d'un univers à la Rohmer ou à la Truffaut que d'une grosse comédie. Le problème (des institutions), c'est qu'il n'y a pas assez d'argent pour tout le monde», croit Yves Pelletier, dont le deuxième long métrage sortira en 2010 et sera distribué par Alliance.