Un concours de circonstances fait en sorte que son nom circule actuellement sur toutes les lèvres dans le milieu du cinéma. Ian Lauzon, coscénariste de la comédie policière De père en flic, aura pourtant mis des années de travail avant d'en arriver là.

Il y a six ou sept ans, Ian Lauzon planchait sur le scénario de Cabotins, un film dont les protagonistes sont des comédiens ayant connu leurs années de gloire à l'époque du burlesque.

«Je ne connaissais pas du tout Émile Gaudreault alors, mais j'appréciais beaucoup son talent de scénariste, a rappelé Ian Lauzon au cours d'une interview accordée à La Presse un peu plus tôt cette semaine. On m'avait aussi vanté sa capacité de bien structurer une histoire. Je lui ai demandé de me conseiller. Et ça a cliqué entre nous.»

La complicité s'est accrue à un point où, quelques années plus tard, à son tour, Gaudreault a fait appel à Lauzon. Le réalisateur de Mambo Italiano lui a offert de coécrire le scénario de De père en flic avec lui.

«J'étais déjà très enthousiaste. Dès qu'Émile m'a raconté l'histoire qu'il avait en tête, je lui ai dit que c'était sa meilleure idée à vie! Je trouvais le sous-texte psychanalytique très fort. C'est un film qui aborde des thèmes importants sans que personne n'ait à se prendre la tête.»

Les deux hommes s'attellent à la tâche d'écrire une franche comédie sur les relations père-fils avec, en guise d'inspiration, un tandem de choc: Michel Côté et Louis-José Houde. Parfois, ils se donnent comme exercice d'attaquer parallèlement les mêmes scènes. Et choisissent ensuite celles qui s'insèrent le mieux dans le récit. S'ils passent des mois à réfléchir, écrire, raturer, peaufiner, il appert que des réajustements sont faits jusqu'à la toute dernière minute, histoire de faire écho à l'énergie particulière d'un tournage.

«Nous nous complétons bien Émile et moi, commente Ian lauzon. De père en flic, c'est d'abord et avant tout son idée. Et je dois dire qu'il a été brillant sur ce coup-là. Mon rôle était de «jazzer» les choses un peu!»

Au moment où il modulait les différentes partitions contenues dans le film de Gaudreault, cet ancien étudiant de littérature et de philosophie commençait les recherches en vue de l'écriture d'un scénario sur la vie du commandant Piché, un autre film dont la tête d'affiche est Michel Côté. Habitué à mener plusieurs projets de front, Ian Lauzon voit aujourd'hui converger plusieurs de ses projets. «C'est évidemment très exaltant, reconnaît-il. Mais je travaille très fort depuis plusieurs années!»

Venu de la scène théâtrale underground, scénariste et réalisateur (son documentaire La confession des masques abordait les dilemmes éthiques auxquels doivent faire face les travailleurs du spectacle), Ian Lauzon se prête aussi à des expériences plus pointues, plus radicales. «Cela ne m'empêche pas du tout d'apprécier les oeuvres destinées à un plus large public. Au Québec, on a peut-être un peu de difficulté à accepter qu'un créateur puisse jouer sur les deux terrains. J'admire beaucoup un type comme Steven Soderbergh», ajoute celui qui a notamment signé La job, l'adaptation québécoise de la série britannique The Office.

Au cours des dernières semaines, Ian Lauzon a consacré toutes ses énergies à la réécriture complète du scénario portant sur la vie du commandant Piché. Les coupes budgétaires, à la suite desquelles le cinéaste Érik Canuel a préféré se retirer du projet, ont forcé les artisans à tout refaire. En très peu de temps.

«Les coupes étaient vraiment trop importantes, explique le scénariste. Il était impossible de prendre le même scénario et d'essayer de faire du rapiéçage. Évidemment, c'est très angoissant. Jusqu'à ce que tu trouves une autre idée, un autre angle. Aujourd'hui, je suis très enthousiaste car j'estime que mon nouveau scénario - que j'ai dû écrire en trois semaines - est encore meilleur que le précédent. C'est ce que semblent croire les institutions aussi.»

Le tournage d'Entre ciel et terre devrait en principe commencer à la fin du mois d'août, sous la direction de Sylvain Archambault (Le négociateur, Les Lavigueur).

«C'est un mariage tardif, mais très heureux, commente Lauzon. Dès notre première rencontre - toute récente -, j'ai senti que cet homme avait un vrai contact avec la douleur humaine. Il n'a pas peur d'aller dans des zones difficiles. Et comme le commandant Piché, que je côtoie beaucoup, est très game, nous aurons droit à un vrai drame psychologique.»

Parallèlement, Cabotins, le tout premier scénario qu'il a écrit, sera aussi bientôt porté à l'écran. Rémy Girard est la vedette de ce film réalisé par Alain Desrochers (Nitro).

Mais le jazzman des scénarios ne s'arrête évidemment pas là. Parmi ses projets d'écriture figure notamment une comédie bilingue - et verte - sur l'unité canadienne.

«Merci à Patrick Huard et Érik Canuel d'avoir ouvert la voie avec Bon Cop, Bad Cop car ce thème est très riche et très peu exploité.»