Le cinéma figure au coeur du récit d'Inglourious Basterds. Faut-il s'en étonner? Bien sûr que non. Même si, dans les faits, le nouveau film de Quentin Tarantino emprunte la forme d'un mélange de genres (le drame de guerre et le western spaghetti à la Leone), Inglourious Basterds est aussi une lettre d'amour qu'envoie l'auteur cinéaste à un art qui, parfois, peut changer le cours de l'histoire.


«Mes personnages sont complètement fictifs, explique Tarantino. J'ai beaucoup fantasmé sur l'idée de la revanche. Dans mon esprit, il était impensable que le cinéma ne joue pas un rôle crucial dans cette lutte à finir contre les nazis!»


Le récit, dont l'intrigue est campée en France au cours des premières années de l'occupation allemande, se module ainsi autour de trois personnages phares. Shosanna Dreyfus (Mélanie Laurent) est la propriétaire d'une salle de cinéma parisienne dont la famille a auparavant été exécutée sous les ordres du colonel nazi Hans Landa (Christoph Waltz). Le troisième est incarné par Brad Pitt. Le lieutenant Aldo Raine prend l'initiative de former un groupe de soldats juifs américains ayant pour but de mener des actions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis. Leur réputation s'accroît au point où leurs ennemis les surnomment désormais les «bâtards».


Le syndrome de la page pleine


«Mais tous les personnages sont des bâtards à mes yeux, précise Tarantino, visiblement très inspiré. L'écriture du scénario - il a eu l'idée de ce film il y a plus de dix ans - s'est révélée être une expérience très féconde.


«On parle souvent du syndrome de la page blanche mais dans ce cas-ci, ce fut tout le contraire. Je n'arrêtais pas d'écrire! Ça sortait, ça sortait... J'étais d'autant plus stimulé que j'aimais ce que j'écrivais!»


Le réalisateur de Pulp Fiction était enthousiaste au point où la toute première scène qu'il a écrite - le premier chapitre d'un film qui en compte cinq - figurait à son avis déjà dans ce qu'il a fait de mieux.


«Je suis capable de poser un regard très critique sur ma création, dit-il. Je peux extraire certains moments dans mon oeuvre où j'estime avoir fait du bon travail, même si, parfois, ces moments s'insèrent dans des trucs plus inégaux. Si je devais réunir quelques scènes dans un «best of», il y aurait définitivement la scène sur les Siciliens de True Romance (Tony Scott). J'ai longtemps pensé que je ne pourrais jamais l'égaler.»


Le plus beau personnage



L'arrivée du colonel Landa, est venue changer la donne.


«En écrivant la première scène d'Inglourious Basterds, j'ai eu le sentiment qu'enfin, j'étais parvenu à écrire quelque chose pouvant vraiment s'inscrire au sommet de mon palmarès personnel. Le colonel Landa est sans contredit le plus beau personnage que j'ai jamais écrit. Je serais étonné si je parvenais un jour à en inventer un autre du même calibre.»