Le réalisateur Louis Bélanger met les bouchées doubles, voir triples, par les temps qui courent; après la première de The Timekeeper, jeudi soir, il retourne poursuivre le tournage d'un autre film et sa pièce de théâtre est sur le point de prendre l'affiche du Théâtre de Quat'Sous.


Parti tôt jeudi matin de la région de Kamouraska, le réalisateur québécois a d'abord fait un saut au Quat' Sous justement pour assister à une répétition de Mort de peine où il signe la mise en scène.

Il est rentré à la maison en catastrophe afin de se préparer pour la double première de son film, en anglais et en français sous le titre L'heure de vérité.


Bélanger, qui a réalisé Post Mortem et Gaz Bar Blues, signe ici un premier film en anglais dans lequel un jeune homme s'interroge sans cesse entre le bien et le mal alors que la corruption sévit sur un chantier de construction du Grand Nord.

«Je me rends compte que cette thématique «bien-mal» revient souvent dans plusieurs de mes films», a mentionné Bélanger, interviewé juste avant la première de son film à Montréal.

Le film, tourné au nord de Port Cartier sur la Côte Nord, nous fait reculer en 1964. Un certain Martin Bishop, âgé de 18 ans, s'expatrie sur un chantier de construction.

«Martin venait de perdre la ferme familiale. Ce n'était pas une partie de plaisir de partir sur la route et s'exiler. Ce n'était pas Bob Dylan avec sa guitare, il n'avait pas le choix», a relaté Bélanger.

Sur les lieux de construction du chemin de fer, il se retrouve dans une espèce de «no man's land» où il n'y a pratiquement pas de loi.
Les méfaits et les magouilles sur le chantier auront de quoi faire frémir. Mais lui marche droit, avec des principes moraux, seuls héritages légués par son père.

«Ce n'est pas toujours facile de tenir à ses principes et de marcher droit. Parfois, pour faire de bonnes actions, il faut poser des gestes moins nobles. Bien souvent, tu as moins de troubles quand tu te fermes les yeux sur des irrégularités», a poursuivi Bélanger.

«Tous les hommes plient l'échine et souffrent en silence. Mais lui, qui a un bagage moral, décide d'élever la voix non pas par désir de justice mais parce que selon lui, dans la vie, il faut avoir un code d'éthique», a conclu  Bélanger. Bref, c'est une question de dignité.

Louis Bélanger a été fasciné par le roman The Timekeeper du romancier montréalais Trevor Ferguson. «Ce n'est pas du tout un film moralisateur, a averti le réalisateur québécois. Ce n'est pas mon genre. Les gens doivent aller chercher le message eux-mêmes.»

Le film met en vedette Roy Dupuis, Craig Olejnik, Julian Richings, Gary Farmer et Stephen McHattie. Guy Dufaux a assuré la direction photo de ce film tourné dans des conditions difficiles, pendant l'été.

The Timekeeper
a été projeté en première mondiale au Festival du film de Brooklyn. Et il s'est retrouvé sur la liste du Festival international du film de Shanghai.

Le film prendra l'affiche dans six salles en tout (cinq en français), à Montréal, Québec, Gatineau et Sherbrooke.


Bélanger poursuivra jusqu'en octobre le tournage de Demande à ceux qui restent alors que sa pièce de théâtre sera jouée jusqu'à la fin septembre à Montréal.