À quelques jours de l'ouverture du Festival des films du monde, nous avons demandé à... notre monde à nous de nous dire quel film est «le leur», celui qu'ils aiment revoir, celui qu'ils conseillent. Athlètes, gens d'affaires, politiciens, artistes: les réponses sont aussi éclectiques que les personnalités. Se pourrait-il que le 7e art soit, aussi, une manière de miroir? À vous de juger!

Qui: Yves P. PelletierQuoi: L'odeur de la papaye verte, de Tran Anh Hung (1993)

Pourquoi: «C'est un film fascinant, hypnotique. Il y a là une lenteur, un aspect contemplatif qui me ressemblent... enfin, quand je suis en voyage! Je le redécouvre chaque fois que je le conseille à quelqu'un, parce que je le revois alors», fait l'ex- RBO, dont le deuxième long métrage, Le baiser du barbu, est à l'étape du montage. Pelletier est justement allé faire un tour au Vietnam en février: «Je me suis fait un plaisir de me perdre dans les ruelles qui ressemblent à celles du film. J'ai dérangé bien du monde et j'ai dû m'excuser souvent!» - propos recueillis par Sonia Sarfati

Qui: Alexandre DespatieQuoi: Braveheart, de Mel Gibson (1995), et Gladiator, de Ridley Scott (2000)

Pourquoi: Le premier relate le destin de William Wallace (Mel Gibson) qui, au XIIIe siècle, a uni les Écossais pour combattre l'envahisseur anglais; le second raconte l'histoire d'un général romain (Russell Crowe) envoyé aux arènes où, d'une certaine manière, il renaît de ses cendres. Ces films parlent de persévérance et de courage. Ces films m'inspirent parfois dans des moments plus difficiles», résume le triple champion du monde et médaillé olympique en plongeon. Des champions pour un champion, quoi! - propos recueillis par Simon Drouin

Qui: PodzQuoi: Cris et chuchotements, d'Ingmar Bergman (1972)

Pourquoi: «Cries and Whispers. Un film du maître incontesté. Bergman. Dix-sept ans. Je m'installe au VA114 à Concordia, le plus près possible de la porte de sortie, histoire de pouvoir m'évader. Le film commence. Plans statiques d'un jardin, des horloges. Puis une femme qui se réveille dans l'agonie la plus pure. Suivra un drame humain presque insoutenable. Émotion pure. Je ne serai jamais plus le même. Je le revois pour apprendre, pour comprendre, pour savoir», a écrit, de la Provence, où il était en vacances, le réalisateur de Minuit, le soir et C.A., dont on pourra voir les premiers pas au cinéma l'an prochain avec Les sept jours du talion puis avec 101/2. - propos recueillis par Sonia Sarfati

Qui: India DesjardinsQuoi: Eternal Sunshine of the Spotless Mind, de Michel Gondry (2004)

Pourquoi: «Dans la catégorie film-intellectuellement-acceptable-dont-je peux- parler dans-La Presse (parce que, bien honnêtement, mon top 10 est truffé de quétaineries), je dirais Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Je suis une grande fan de Charlie Kaufman, qui pond des scénarios vraiment originaux, mais pas inaccessibles. Ce qui m'a touchée dans ce film est la victoire de l'irrationnel», explique l'auteure de la très populaire série Le Journal d'Aurélie Laflamme (dont l'adaptation du premier tome, qu'elle a coscénarisée, sera en tournage le mois prochain), qui replonge dans ce long métrage quand elle se sent «trop cynique». - propos recueillis par Sonia Sarfati

Qui: Steve VeilleuxQuoi: Les enfants du marais, de Jean Becker (1999)

Pourquoi: «Je suis un grand fan du comédien Jacques Villeret et c'est par lui que j'ai découvert le cinéaste Jean Becker, dit le chanteur et guitariste du groupe Kaïn. Le film dont je suis incapable de me tanner, que je regarde plusieurs fois par année, c'est Les enfants du marais... réalisé par Becker et mettant Villeret en vedette. C'est une leçon de vie, une histoire d'amitié à toute épreuve, ça parle de valeurs importantes qu'on piétine. Parmi ces valeurs, l'amitié, dont je parle souvent dans mes textes de chansons. Bref, ce film me rentre dedans chaque fois, il me fait pleurer.» - propos recueillis par Marie-Christine Blais

Qui: Isabelle LangloisQuoi: Le goût des autres, d'Agnès Jaoui (2000)

Pourquoi: «J'aime les films d'Agnès Jaoui, Le goût des autres, par exemple. Pour la qualité de son écriture toute en nuances, la finesse et la complexité des rapports entre ses personnages, pour ses récits émouvants, justes, drôles sans épate. Pour la qualité de ses dialogues intelligents et piquants. Et pour sa manière sobre et personnelle de raconter une histoire «, explique l'auteure de la série Rumeur, qui travaille actuellement à un nouveau projet. «Mais, ajoute-t-elle, ça a été dur de ne pas choisir Il postino, ne serait-ce que pour la scène avec la mémé qui veut abattre à la carabine les métaphores qui ont tourné la tête de sa fille.» - propos recueillis par Sonia Sarfati

Qui: Gérald TremblayQuoi: Gandhi, de Richard Attenborough (1982)

Pourquoi: Gandhi, qui a l'oeuvre pour la paix comme fil conducteur, rappelle au maire de Montréal et chef d'Union Montréal que Montréal a aussi son rôle à jouer en se positionnant en faveur du bannissement des armes nucléaires. «J'ai particulièrement aimé comment l'acteur Ben Kingsley a su interpréter le cheminement de Gandhi en faveur de la paix durant sa vie», souligne celui qui est membre de l'Association internationale des maires pour la paix. «Chaque année, le 5 août, nous commémorons le bombardement atomique sur la ville d'Hiroshima en faisant sonner la Cloche de la paix au Jardin botanique», ajoute-t-il. - propos recueillis par Sara Champagne

Qui: Régis Labeaume

Quoi: Philadelphia, de Jonathan Demme (1993) et La face cachée de la Lune, de Robert Lepage (2003)

Pourquoi: Le maire de Québec ne parvient pas à départager ses deux films préférés. Il y a d'abord Philadelphia, avec Tom Hanks, «pour l'histoire et la trame musicale que j'ai gardée en tête pendant plusieurs semaines»; et, d'autre part, La face cachée de la lune, «pour le génie de Robert Lepage». - propos recueillis par Éric Clément

Qui: Louise HarelQuoi: Kamouraska, de Claude Jutra (1973)

Pourquoi: «J'ai adoré Réjeanne Padovani de Denys Arcand: les liens entre la mafia et les élus, je trouve ça très intéressant», dit, en riant, la chef de Vision Montréal et candidate à la mairie de Montréal. À 30 ans, elle ne jurait que par Jules et Jim de François Truffaut mais, aujourd'hui, son film préféré est Kamouraska de Claude Jutra (tourné en 1972) : «Je le revisionne souvent avec les enfants. C'est d'une beauté! Et c'est une partie de l'histoire de la vie au Québec.» - propos recueillis par Éric Clément

Qui: Richard BergeronQuoi: 2001 : A Space Odyssey, de Stanley Kubrick (1968)

Pourquoi: Le chef de Projet Montréal et candidat à la mairie de Montréal a une prédilection pour les films qui sont, aussi, des analyses politiques ou sociales: Citizen Kane, Apocalypse Now, The Deer Hunter, Casablanca, Les ordres, Jésus de Montréal, 1984, Blade Runner, Babel. Mais celui qui l'a le plus marqué, est 2001 : À Space Odyssey: «J'avais 16 ans quand je l'ai vu pour la première fois. Depuis, je l'ai visionné au moins 20 fois. Tant de beauté, de maîtrise cinématographique, de rigueur... et de profondeur philosophique.» - propos recueillis par Éric Clément

Qui: Louise O'SullivanQuoi: Something's Gotta Give, de Nancy Meyer (2003)

Pourquoi: Si la candidate à la mairie de Montréal aime Something's Gotta Give, c'est que le film de Nancy Meyer véhicule un message qui la touche: «Un couple se rencontre, la mère a presque mon âge, elle voulait vivre seule mais elle rencontre l'amour. Un film dont le message est qu'il ne faut jamais fermer la porte. Je le recommande à quiconque croit en l'amour.» - propos recueillis par Éric Clément

Qui: Patrick SenécalQuoi: Clockwork Orange, de Stanley Kubrick (1971)

Pourquoi: «Mon film culte est Clockwork Orange, un vrai conte philosophique comme Voltaire aimait tant en faire. À travers une histoire volontairement caricaturale et faussement naïve, on dresse un portrait effroyable de notre société. Le message est pertinent et fait réfléchir: l'individu doit avoir le choix de ses valeurs morales. Si on les lui impose, c'est inutile», fait l'écrivain dont le prochain roman, Hell.com, sera lancé ce mois-ci. L'auteur, qui sait si bien tricoter des histoires d'horreur et de terreur, regarde le film de Kubrick «au moins une fois tous les trois ans. Toujours seul: je trouve que ce n'est pas un film à regarder avec du monde.» - propos recueillis par Sonia Sarfati

Qui: Isabelle HudonQuoi: Les uns et les autres, de Claude Lelouch (1981)

Pourquoi: La présidente de l'agence de publicité Marketel a aimé «l'histoire, la profondeur et la complexité de Les uns et les autres de Claude Lelouch. J'y ai aussi découvert le Boléro de Ravel. J'ai été touchée, marquée. Il s'agit probablement du film qui explique le mieux ce qu'est le destin et à quoi on doit s'attendre du destin. Ce film réveille en moi la passion du cinéma.»

Qui: Sylvie Vachon

Quoi: The Deer Hunter, de Michael Cimino (1978), et Le déclin de l'empire américain, de Denys Arcand (1986)

Pourquoi: «The Deer Hunter est le premier film qui m'a touchée à propos de la guerre du Vietnam, explique la PDG du Port de Montréal. Et, parmi les films québécois, Le déclin de l'empire américain est, selon moi, le premier à parler de la réalité et du quotidien de façon aussi juste. Et j'ai aimé C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée parce qu'il représente bien l'époque dans laquelle le film est campé j'ai même reconnu le séchoir à cheveux que j'utilisais. Et aussi parce que mon fils y était figurant!» - propos recueillis par Hugo Fontaine

Qui: Matthieu ProulxQuoi: Horloge biologique, de Ricardo Trogi (2005)

Pourquoi: «J'aime bien Ricardo Trogi et sa gang. C'est un humour qui vient me chercher. C'est drôle mais réaliste à la fois. Je ne pense pas que ma blonde sera heureuse de lire ça... mais je me retrouve un peu dans les personnages d'Horloge biologique», rigole le maraudeur des Alouettes de Montréal, qui dit aimer «le cinéma québécois en général». - propos recueillis par Miguel Bujold