Faire deux longs métrages autofinancés avec des budgets de moins de 6000 $? C'est possible dans l'univers de Martin Laroche. Sa dernière création, Modernaire, sera présentée au Festival des films du monde (FFM). Un film qui porte sur la paranoïa post-11 septembre où le cinéaste de 28 ans assume à la fois les rôles de scénariste, producteur, réalisateur et acteur principal.

Q Votre avant-dernière réalisation, La logique des remords, a été décrite comme sombre et troublante, adoptez-vous le même ton dans Modernaire?

R Non. C'est une promesse que j'avais faite aux spectateurs à la sortie de la salle lors sa présentation au FFM. Remords était un film sur la pédophilie et la vengeance. Les gens l'ont trouvé vraiment «dark». Modernaire est un film qui exploite un stress continuel, mais qui n'est pas sombre. Pour donner un comparatif, ça ressemble un peu à ce que font les frères Dardenne.

Q Sur quoi porte l'intrigue?

R C'est l'histoire d'un jeune trentenaire qui se rend à son travail. Dans l'autobus, il voit un musulman en train d'égrainer son chapelet qui prie en tenant une mallette en cuir. Il a l'air nerveux et ça le rend également nerveux. Cela pousse le jeune homme à le suivre. Il va le recroiser à plusieurs reprises, ce qui va engendrer un dérèglement de son quotidien.

Q De plus en plus de films sont tournés au Québec en numérique avec des budgets dérisoires, que pensez-vous de cette tendance?

R Le fait de pouvoir se procurer une caméra HD pour 6000 $ et des logiciels de montage professionnels est intéressant. Mais, je pense que la vraie révolution va s'opérer quand toutes les salles de cinéma vont s'équiper avec de l'équipement HD. Pour l'instant, il faut faire un gonflement pellicule et cela coûte très cher.

Q Comment se porte ce type de cinéma?

R Ce que je déplore, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de place pour le cinéma expérimental. C'est ambigu parce que les producteurs et les diffuseurs ont tendance à refuser des projets parce qu'ils savent qu'ils ne seront pas financés. Il y a donc une censure avant même d'arriver à Téléfilm Canada. Même les scénaristes ne se donnent plus la peine d'écrire des scénarios éclatés. C'est une roue qui tourne mal.

Q Avez-vous d'autres projets en chantier?

R Trouver des subventions! Les films où personne n'est rémunéré, c'est fini pour moi. Je pense que j'ai fait le tour. Je ne sais pas comment cela va marcher, mais j'ai deux ou trois scénarios que j'aimerais pousser. Je suis également en train d'écrire un roman.

Modernaire sera présenté au cinéma du Quartier latin les 4-5-6 septembre à 21 h 30, 12 h 40 et 15 h 20 respectivement.