Un monde dévasté par une mystérieuse Apocalypse, où les humains errent tels des zombies est au coeur de The Road, tiré d'un roman crépusculaire de l'Américain Cormac McCarthy, et dévoilé jeudi au deuxième jour de la 66e Mostra de Venise.

Parmi les stars venues présenter un film au Festival de Venise, les acteurs Viggo Mortensen et Mads Mikkelsen devaient fouler le tapis rouge, le soir.

De leur côté, les cinéastes américains Todd Haynes et Michael Moore ou encore l'écrivain Salman Rushdie, étaient arrivés sur le Lido.

Très attendu, The Road de l'Australien John Hillcoat met en scène Viggo Mortensen dans le rôle d'un survivant qui sillonne des Etats-Unis totalement dévastés, comme le reste du monde, par un gigantesque cataclysme non identifié.

Avec son fils, l'homme suit à pied «la route» menant vers le Sud, où il l'espère, un climat plus doux leur permettra de survivre à l'hiver.

Autour d'eux, cadavres desséchés, routes éventrées, ponts effondrés, maisons détruites, arbres calcinés par de gigantesques incendies...

Mais il y a pire. Dans cet univers cauchemardesque, l'Humanité a tant régressé que des hordes dépenaillées se livrent au cannibalisme.

La mère de l'enfant (Charlize Theron) s'est suicidée par désespoir face à ce monde à l'agonie et comme déserté par Dieu. Tenaillés par la faim, le froid et la peur, l'homme et son fils pourront-ils survivre?

Hagard, le visage émacié, Viggo Mortensen impressionne et s'affirme déjà comme un sérieux prétendant au Prix d'interprétation masculine décerné à la fin du festival (2-12 septembre) par le jury que préside le cinéaste Ang Lee.

John Hillcoat s'est voulu très fidèle à La route, un roman à l'écriture austère qui a valu le Prix Pulitzer 2007 à McCarthy, également auteur de Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme adapté à l'écran par les frères Coen.

Resserrant la narration et rajoutant quelques flashbacks mettant en scène un univers familial harmonieux d'avant la catastrophe qui était absent du roman, il gomme en partie l'ambiance énigmatique tissée par McCarthy.

Souvent très retouchés par ordinateur ou entièrement numériques, les paysages au ton gris métallique sont d'une grande beauté.

Sobre mais obsédante, la musique originale composée par Nick Cave contribue avec efficacité à l'atmosphère angoissante du film. Mais au final le cauchemar mis en scène par The Road ne bouleverse pas véritablement le spectateur.

Un film venu des États-Unis, entrait lui aussi en compétition jeudi à la Mostra, où 24 longs métrages du monde entier se disputent le Lion d'or.

Life During Wartime est signé par Todd Solondz, un cinéaste indépendant de 49 ans, connu pour l'acuité de sa description des Américains de la classe moyenne, au fil de films tels que Palindromes, en compétition à Venise en 2004.

Après avoir beaucoup tourné dans le New Jersey où il a grandi, il filme, sous le soleil de Floride, des pavillons aux couleurs pastel qui abritent les amours post-11 septembre, angoissées et tragicomiques, de ses concitoyens.

Reprenant les personnages de son film Happiness (1998), il scrute les déboires des trois soeurs Jordan, incarnées par trois nouvelles comédiennes : Joy (Shirley Henderson), Trish (Allison Janney) et Helen (Ally Sheedy)

Trish prétend que le père de ses enfants est mort alors qu'il est incarcéré pour pédophilie, Joy est hantée par le fantôme de son ex qui s'est suicidé et Helen assume avec difficulté son «écrasant succès» d'écrivain.

Intriguant et original au début, Life During Wartime patine ensuite, au fil de longs dialogues qui provoquent l'ennui.