Bien entendu, personne ne s'attendait à ce que The Everlasting Flame: Beijing Olympics 2008 aborde de plein fouet les différentes controverses ayant marqué la préparation et la tenue des Jeux olympiques de Pékin. De là à tomber dans le révisionnisme historique, il y a un pas que la réalisatrice Gu Jun, à qui le FFM a remis un Grand Prix spécial des Amériques hier soir, franchit allègrement.

L'entrée en matière de ce film de propagande est carrément choquante. Le passage de la flamme olympique dans les différentes villes du monde est montré comme autant de célébrations pendant lesquelles tout s'est évidemment déroulé «dans la plus grande harmonie». Même à San Francisco et à Londres, où les protestations furent pour le moins virulentes, tout ne fut apparemment que joie et allégresse. Et que dire de ce magnifique athlète tibétain, choisi pour porter la flamme de l'espoir au sommet de l'Everest?

Le plan d'urbanisme, qui a permis la construction de toutes ces installations miraculeuses, est bien entendu présenté ici comme une merveille d'ingéniosité. Qu'importent alors les malheurs des anciens habitants du quartier?

C'est une chose de taire certains éléments pour servir un propos. C'en est une autre de mentir pour travestir une réalité.

Pour le reste, le film s'attarde à décrire, à grands coups de narration lobotomisée et de violons sirupeux, les parcours de quelques athlètes. À cet égard, ce film ressemble à tous les autres films «officiels» de même nature.

Dans sa présentation, Serge Losique n'était pas peu fier d'évoquer ses «liens étroits» avec la Chine, tout en soulignant le grand privilège de pouvoir montrer ce film officiel en grande première mondiale. Il a aussi déclaré avoir voulu, à travers ce prix spécial remis à la réalisatrice, rendre hommage au pays dont elle est issue.

Dans les corridors du Hyatt, certaines rumeurs laissaient entendre que Gu Jun était nerveuse à l'idée de présenter son film hier soir devant plusieurs représentants de l'ambassade de Chine au Canada, venus expressément d'Ottawa pour l'occasion. Qu'elle se rassure, elle n'a strictement rien à craindre. Les autorités chinoises seront très fières d'elle.

On peut en revanche se questionner sur le bon jugement d'une organisation qui, en sélectionnant ce film pour sa clôture, se trouve à cautionner pareille mascarade. Un scandale.