Une avalanche de 312 productions en provenance de 64 pays, le Festival international du film de Toronto (FIFT), le plus important du continent nord-américain, fait encore dans la démesure cette année.

Entre le film d'ouverture de ce soir, Creation, du Britannique Jon Amiel, regard intimiste sur le père de la théorie de l'évolution, Charles Darwin, et le long métrage de clôture, Young Victoria, du Québécois Jean-Marc Vallée, la Ville reine deviendra pour les 10 prochains jours le pôle d'attraction d'une flopée de comédiens et réalisateurs (plus de 500), de journalistes (plus de 1000) et de festivaliers (340 000).

Établir la feuille de route du reporter relève dans les circonstances du parcours du combattant. Une centaine de films sont présentés en première mondiale, autant en première nord-américaine, alors forcément tout le monde veut être aux premières loges pour découvrir le sleeper qui risque de faire banco. L'an dernier, rappelons-nous, c'est ici que Slumdog Millionaire avait entrepris sa marche triomphale vers les Oscars, après sa première au moins couru Festival de Telluride au Colorado.

Une fois épluché le catalogue de 452 pages du FIFT, un constat s'impose: encore une fois le pauvre journaliste n'aura pas assez de 24 heures dans sa journée pour satisfaire sa curiosité. Un exploit d'autant plus herculéen que l'événement traîne dans son sillage son lot de conférences de presse et d'entrevues privées.

Un habitué de Toronto, George Clooney, sera en vedette deux fois plutôt qu'une. D'abord dans l'intrigante comédie «psychique» The Men Who Stare at Goats, de Grant Heslov, où il partage la vedette avec un trio béton, Ewan McGregor, Kevin Spacey et Jeff Bridges; ensuite, dans le très attendu Up in the Air, de Jason Reitman (Juno), où il incarne un spécialiste en licenciements plongé dans une crise existentielle.

Vingt ans après Roger & Me, Michael Moore viendra présenter son dernier brûlot, Capitalism : A Love Story, où il s'amuse à river le clou aux responsables de la crise économique et financière. Appuyé par un Matt Damon à moustache et plus gros de 10 kilos, Steven Soderbergh débarquera avec The Informant!, récit d'un whistleblower qui refile des informations compromettantes au FBI sur l'industrie agro-alimentaire.

Pour leur part, les frères Coen retournent dans leur Minnesota natal pour la comédie noire A Serious Man, récit d'un homme sur le bord de la crise de nerfs dans l'Amérique de 1967.

Gros canons cannois

Encore cette année, c'est à Toronto que les gros canons de Cannes connaîtront leur baptême nord-américain. On pense au gagnant de la Palme d'or, Le ruban blanc, de Michael Haneke; au Prophète, de Jacques Audiard, gagnant du Grand Prix du jury; au controversé Antichrist, de Lars von Trier, avec Charlotte Gainsbourg (Prix d'interprétation féminine); à Étreintes brisées, de Pedro Almodovar...

De la France, on attend avec impatience le dernier Jean-Pierre Jeunet, Micmacs à tire-larigot, avec Dany Boon; Les derniers jours du monde, histoire d'amour sur fond d'apocalypse des frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu; Partir, de Catherine Corsini, avec Kristin Scott-Thomas, Sergi Lopez et Yvan Attal; L'affaire Farewell, de Christian Carion (Joyeux Noël), avec Guillaume Canet et Emir Kusturica; Le refuge, du rarement mauvais François Ozon, avec Isabelle Carré et Melvil Poupaud; sans oublier Mr. Nobody, qui marque le retour du Belge Jaco Van Dormael, 13 ans après Le huitième jour.

Outre Jean-Marc Vallée, la représentation québécoise sera assurée par Bernard Émond(La donation), avec Élise Guilbault. Le jeune Xavier Dolan (J'ai tué ma mère) et Denis Côté (Carcasses) sont également de la partie.

Vous en voulez plus? Le dernier Giuseppe Tornatore, Baaria. The Boys Are Back, du réalisateur de Shine, Scott Hicks, sur la vie d'un père en deuil (Clive Owen). La première réalisation de Drew Barrymore, Whip It, sur le monde du roller derby féminin. The Road, avec Viggo Mortensen, adaptation du roman post-apocalyptique de Cormac McCarthy. Chloe, remake du film français Nathalie par Atom Egoyan, avec Liam Neeson, Julianne Moore et Amanda Seyfried.

N'en jetez plus, la cour est pleine, dites-vous? C'est ce qu'on pense aussi...