À la veille de la clôture de la Mostra, le couturier Tom Ford a présenté vendredi son premier film, A Single Man, en lice pour le Lion d'or, tandis qu'une poignée de longs métrages dont Lebanon, Lola, Life During Wartime ou Lourdes étaient favoris des critiques.

Cette année, «peu de films ont fait l'unanimité, tant auprès des critiques et du public que, selon les rumeurs, du jury», affirme le quotidien Il Gazzetino de Venise.

Très applaudi, le film israélien Lebanon de Samuel Maoz était le favori d'une dizaine de critiques internationaux sondés par le magazine spécialisé Variety, devant Life During Wartime de l'Américain Todd Solondz et Lourdes de l'Autrichienne Jessica Hausner.

Du côté des prix d'interprétation, les noms d'Isabelle Huppert, Sylvie Testud et Margherita Buy circulaient, et côté hommes ceux de Viggo Mortensen ou Michael Shannon.

«Reste le problème de Baaria» du Sicilien Giuseppe Tornatore, estimait Il Gazzetino de Venise, «un film coûteux (35 millions d'euros) dont la large diffusion profiterait d'une reconnaissance vénitienne».

Bien que peu séduit, croyait savoir le quotidien, le jury pourrait subir des pressions extérieures, «qui n'ont jamais manqué à Venise».

Dévoilé la veille, le 2e film-surprise, Lola, montre «la face sombre des Philippines, la corruption, l'illégalité et la vie difficile des personnes âgées qui, dans mon pays, sont les piliers de la famille», a expliqué à la presse le cinéaste Brillante Mendoza.

Styliste influent et homme d'affaires à poigne au physique de jeune premier, l'Américain Tom Ford, ex-directeur artistique des maisons Gucci et Yves Saint Laurent, a dévoilé A Single Man, sa première réalisation.

Adapté d'un roman du Britannique Christopher Isherwood, A Single Man dresse le portrait de George Falconer, un professeur d'université d'âge mûr (Colin Firth, remarquable) dont le compagnon meurt dans un accident de voiture.

Huit mois plus tard, «se réveiller chaque matin est une douleur» pour George qui perd le goût de vivre malgré le réconfort apporté par sa vieille amie Charley (Julianne Moore), elle aussi rongée par la solitude.

Témoin de cette dérive, un bel élève se rapproche de lui.

Porté par l'interprétation toute en finesse de Colin Firth, A Single Man pâtit d'un usage peu subtil de la couleur: le technicolor fait brutalement irruption à chaque éveil de la sensualité du héros.

Reconstitués avec soin mais sans grande originalité, le décor et l'esprit des «sixties» - le film se passe en 1962 pendant la crise des missiles à Cuba - sont présents dans A Single Man, qui évoque aussi en passant la réprobation sociale liée à l'«homosexualité invisible» de l'époque.

De son côté, le Belge Jaco Van Dormael (Toto le héros, caméra d'or du meilleur premier film à Cannes, en 1991) a dévoilé son 3e long métrage, Mr. Nobody avec Jared Leto, Diane Kruger et Sarah Polley.

Ce film-fleuve à gros budget de plus de deux heures semble recycler deux décennies d'oeuvres de science-fiction pour raconter, à grand renfort de sauts temporels et d'effets spéciaux, une histoire d'amour tout sauf originale.

En 1992, un vieillard est interrogé sur son lit de mort par un journaliste curieux de sa vie, la seule à s'achever puisque l'espèce humaine a atteint une «semi-immortalité».

Il se lance alors dans un récit à multiples ramifications, imaginant les conséquences de choix faits à des étapes cruciales de celle-ci (divorce des parents, premiers flirts, mariage, etc.). Un écrasant sentiment de confusion et de «déjà vu» saisit rapidement le spectateur.