Fidèle à ses auteurs, Nicole Robert investit, avec GO Films, dans la carrière de plusieurs créateurs québécois : le réalisateur et scénariste Ricardo Trogi, dont elle a produit le troisième long, 1981, le réalisateur Yves-Christian Fournier, le scénariste Guillaume Vigneault, ou encore Podz, dont elle a produit le premier long - Les 7 jours du talion.

De Québec-Montréal, Horloge biologique à Tout est parfait, Nicole Robert est devenue une productrice incontournable du milieu du cinéma québécois. Avec sa maison de production, GO Films, Nicole Robert raconte une carrière ponctuée par les succès critiques ou commerciaux.

«J'ai déjà ma petite gang» opine la productrice, que l'on rencontre dans les locaux d'Outremont tendance Parc-Extension de sa compagnie. «J'ai réussi à bâtir une compagnie qui fait des films de qualité. Mais cela ne garantit rien : regardez Denys Arcand. C'est vraiment le projet qui décide. Je n'ai jamais été assurée d'être financée.»

Les dents de scie, Nicole Robert connaît. Jeune graphiste lancée, elle fait la rencontre, dans les années 70, de Rock Demers qui lui propose de le rejoindre dans sa société naissante, Les productions La Fête. « C'était dans les années où on n'avait pas beaucoup de succès, le cinéma était artisanal. Cela m'apparaissait comme un bon défi» se souvient-elle.

Son premier film sera La guerre des tuques (1984). Premier succès. «J'ai commencé en cinéma avec un succès» constate-t-elle. Vinrent ensuite Opération beurre de pinottes et Les roses de Matmata. Pas du genre à s'endormir sur ses lauriers, la productrice décide de voler de ses propres ailes afin de développer des projets qui lui sont plus personnels.

Ce sera Laura Laur, de Brigitte Sauriol. «J'ai eu énormément de difficulté à le financer : j'ai failli tout y laisser. J'ai vendu ma maison, et je n'avais même plus d'argent pour faire des photocopies !»dit-elle. Malgré tout, le film se solde par un échec. « J'ai gagné mes galons dans le milieu, mais le film n'a pas marché. Un producteur souffre moins d'une mauvaise critique. Le milieu me pardonnait. Il comprenait mes efforts. »

Après la production de Karmina, de Gabriel Pelletier, et de Requiem pour un beau sans coeur, de Robert Morin, Nicole Robert fait un détour dans une entreprise alors florissante et innovante, Behaviour, avant de revenir à son compte avec GO Films. « Je réalise que je suis indépendante. J'aime mener ma barque seule. J'aime aussi la petite entreprise : elle offre plus de liberté que la grosse entreprise» constate-t-elle.

Forte tête, Nicole Robert estime que les producteurs québécois ont le mérite d'exister sur un marché fermé. « Le film, c'est toujours risqué: chaque fois, tu dois refinancer, dit-elle. Quand j'ai commencé, je faisais un film tous les deux ans. Maintenant, je suis arrivée à un film par année.»

Après quelques productions en partenariat avec l'étranger (Betty Fisher et autres histoires, de Claude Miller, ou le projet d'adaptation d'un roman du journaliste aujourd'hui disparu Paul Marchand), Nicole Robert estime toutefois que la réponse aux budgets limités n'est pas toujours la coproduction.

Pour l'avenir, Nicole Robert planche sur de nouveaux projets avec «ses» uteurs, dans des genres bien différents. «Je suis attirée par beaucoup de choses, du moment qu'il y a derrière un auteur qui a quelque chose à dire» dit-elle.

Le film 1981, de Ricardo Trogi, est actuellement à l'affiche.