Les cinéastes femmes sont de plus en plus nombreuses à s'affirmer au festival de Toronto, reflet d'une tendance mondiale qui pourrait déboucher bientôt sur une première historique avec un Oscar du meilleur réalisateur décerné à l'une d'elles.

Il n'y a en moyenne qu'une femme metteur en scène pour neuf hommes à Hollywood et dans la plupart des pays, à l'exception inexplicable de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande qui approchent de la parité.

Mais les choses bougent et, cette semaine, des réalisatrices occupent le devant de la scène à Toronto aux premiers jours du festival, le moment qui attire le plus les médias et les distributeurs.

«Une nouvelle génération de jeunes réalisatrices est en train d'émerger», déclare à l'AFP la responsable du programme du festival Jane Schoettle. «Et cette génération cherche avec insistance à s'exprimer».

Des femmes metteurs en scène ont été propulsées une seule fois en première ligne en 2003, quand Sofia Coppola a été nominée pour un Oscar pour Lost in translation. Lina Wertm-ller et Jane Campion l'ont été aussi, pour Seven Beauties et Le Piano, respectivement. Mais aucune ne l'a eu.

Aujourd'hui, la situation évolue. Jane Schoettle invoque les nouvelles technologies qui rendent le tournage plus accessible à tous, mais aussi le mouvement d'émancipation de la femme. «Les gens qui sont privés de leurs droits, et en particulier les femmes dans des sociétés conservatrices, gravitent vers ce média (le cinéma) pour se faire entendre», dit-elle.

Le festival de Toronto n'applique bien entendu aucun système de quotas basé sur le sexe du réalisateur.

Cependant, les femmes sont généralement moins réticentes à aborder des sujets difficiles, «car elles ont moins à perdre», pense Schoettle.

Dans l'industrie du cinéma dominée par les hommes, explique-t-elle, «l'important, ce sont les finances et les finances c'est le pouvoir et le pouvoir ce sont des clubs et il est très difficile de pénétrer dans un club de vieux copains».

«Mais cela commence à venir», poursuit-elle. Les réalisatrices montrent qu'elles ont «un niveau de testostérone bien supérieur à la moyenne».

Toujours en 2003, quatre autres films de femmes ont marqué les esprits : Whale Rider de Niki Caro, Thirteen de Catherine Hardwicke, Monster de Patty Jenkins et American Splendor de Shari Springer Berman.

Jane Campion est de nouveau dans la course cette année avec Bright Star consacré au poète John Keats et sa muse Fanny Brawne, tandis que Niki Caro semble bien partie avec son dernier film, The Vintner's Luck.

Les autres femmes qui présentent leurs oeuvres à Toronto sont notamment Lone Scherfig (An Education), Rebecca Miller (The Private Lives of Pippa Lee) et Leanne Pooley (The Topp Twins).

En outre, Drew Barrymore et Samantha Morton ont apporté leurs premiers films, Whip It et The Unloved.

Et Hurt Locker, de Kathryn Bigelow, lancé cet été, est cité parmi des candidats possibles à l'Oscar du meilleur réalisateur.

La comédie-film d'horreur de Karyn Kusama Jennifer's Body, avec Megan Fox dans le rôle d'une lycéenne sexy qui arrache - littéralement - les coeurs des hommes, a eu sa première à Toronto cette semaine. «C'est différent de travailler pour une femme», a dit l'actrice vendredi aux journalistes. «Elle est beaucoup plus sensible à mes émotions qui varient à chaque instant».

«Elle montre (dans le film) que le réel est beau, que tu n'a pas besoin de ressembler à une couverture de Cosmopolitan passée au sèche-cheveux pour être attirante».