Après Juno, le cinéaste Jason Reitman frappe un autre bon coup grâce à Up in the Air, une comédie dramatique mettant en vedette George Clooney. La course aux Oscars est officiellement lancée.

Si vous demandez à un festivalier quel est le meilleur film qu'il a vu jusqu'à maintenant au TIFF, il y a de bonnes chances qu'Up in the Air soit mentionné. Déjà, une rumeur favorable place le nouvel opus de Jason Reitman en bonne position dans la prochaine course aux Oscars.

Il est vrai que cette comédie dramatique se démarque nettement par son intelligence, son humour fin. Elle se distingue aussi par cette façon d'apostropher l'humeur d'une époque et d'en tirer une vraie réflexion.

Le récit, très librement adapté d'un bouquin de Walter Kirn, s'attarde à décrire le parcours d'un homme sans attaches qui, dans une année, passe au moins 300 jours de sa vie sur la route, la plupart du temps en correspondance dans un aéroport. Travaillant pour une firme spécialisée à laquelle font appel les entreprises quand celles-ci souhaitent licencier des gens, cet homme a pour emploi d'annoncer face à face à des employés - inconnus de lui - que leurs services ne sont plus requis.

La vie de Ryan (George Clooney) basculera le jour où il rencontrera une femme aussi indépendante que lui (Vera Farmiga), tout aussi obsédée par les points qu'elle accumule dans les différents programmes de fidélisation des compagnies aériennes. L'homme aura aussi du mal à concevoir qu'on puisse lui couper les ailes quand son patron (Jason Bateman) semble prêter attention au nouveau modèle d'affaires que lui propose une jeune cadre ambitieuse (Anna Kendrik). Cette dernière suggère que toutes les opérations se fassent désormais à l'aide de vidéo-caméras, rendant ainsi tout déplacement inutile.

«Quand j'ai commencé à écrire ce scénario, il y a plusieurs années, les scènes pendant lesquelles les gens se faisaient congédier empruntaient une forme comique, expliquait hier Jason Reitman au cours d'une rencontre de presse. Avec la crise que nous vivons, elles ne le sont plus du tout. J'ai tenu à intégrer dans le film des gens qui se sont vraiment fait congédier dans la vie. J'ai placé une petite annonce à Saint-Louis et à Détroit, deux villes tragiquement touchées par la crise. Nous avons reçu un nombre incroyable de réponses. Nous avons enregistré les témoignages d'une centaine de chômeurs, au cours desquels ils nous racontaient comment cela s'était passé pour eux. Environ 25 personnes jouent leur propre rôle.»

George Clooney, absent de cette rencontre, livre par ailleurs l'une des plus belles performances de sa carrière. Reitman a d'ailleurs écrit le script en fonction de l'acteur. Quand il est sommé de décrire au moins un défaut de la vedette de son film, le jeune auteur cinéaste a du mal.

«J'ai beau chercher, il n'y a strictement rien de négatif qu'on puisse dire sur George, dit Reitman. Même en privé! Je sais que pour nous, pauvres humains, c'est énervant de savoir qu'un homme comme lui existe. Mais la réalité est que George est probablement le dernier des grands. Il est talentueux, affable, et fait preuve d'un humour formidable. Il est tellement bon que je deviens moi-même un meilleur cinéaste grâce à lui.»

Up in the Air prendra l'affiche en décembre.

Michael Moore moins optimiste...

Venu dans la Ville reine afin d'accompagner la présentation de Capitalism: A Love Story, Michael Moore affirme être préoccupé par l'ampleur de la colère populaire. «Si rien n'est fait, tout risque d'exploser, a-t-il dit au cours d'une entrevue accordée à La Presse. J'ai peur de la violence. Je ne la souhaite surtout pas. Partout où je vais, les gens sont inquiets. Et surtout, très en colère.»

Dans son nouveau documentaire, le réalisateur de Fahrenheit 9/11 tente d'expliquer pourquoi le système capitaliste s'est écroulé. À la lumière de la dernière crise financière, où le gouvernement américain a investi des sommes astronomiques pour sauver des banques et des grandes corporations, Moore recueille différents témoignages. Il concocte, fidèle à sa manière, un portrait décapant de la situation et tente de confronter directement les requins de Wall Street. L'ensemble frôle bien entendu la manipulation et abuse du sentiment du spectateur. Mais le film est diablement efficace. Cela dit, Capitalism: A Love Story (à l'affiche le 2 octobre) est peut-être un peu dépassé par les événements. Les dérapages autour du débat sur les soins de santé - son précédent film, Sicko, traitait justement du sujet - ont en effet changé la donne. Et redonné une voix aux tenants de la droite.

«Pour que ça bouge, il faut que les gens se rallient, explique Moore. Or, les gens à gauche et au centre n'ont pas l'habitude de faire entendre leur voix aussi fort que les gens de la droite. J'ose espérer que cela change un jour, mais je n'y crois plus tellement. L'impasse dans laquelle se trouve le débat sur les soins de santé m'attriste beaucoup. Je crains que la présidence de Barack Obama n'en souffre...»