Bernard Émond compte tourner son prochain long métrage à Québec, principalement dans le quartier Saint-Roch. Si tout va comme prévu, le réalisateur de La neuvaine et de Contre toute espérance débarquera en ville avec sa caméra au printemps 2011.

Bernard Émond a éventé la mèche, hier, à Toronto, en entrevue au Soleil, au lendemain de la première de La donation, troisième et dernier volet de sa trilogie sur les valeurs théologales. Le cinéaste montréalais avait tourné La neuvaine, il y a quatre ans, à Sainte-Anne-de-Beaupré.

«J'aime beaucoup les vieux quartiers comme Saint-Roch et Limoilou, a-t-il indiqué. Je pense à des endroits comme la rue de la Reine. C'est tellement beau. [...] Il y a quelque chose qui m'attire à Québec. C'est une ville de taille moyenne mais où l'on sent encore l'esprit des petites communautés.»

Ce prochain film, encore au stade de l'écriture, et dont le titre n'est pas encore au goût de son auteur, racontera grosso modo «l'histoire de quelqu'un qui refuse une grosse somme d'argent parce qu'elle a été mal acquise».

La surenchère de l'image

Dans l'intéressante entrevue accordée au Soleil (et dont le compte-rendu sera publié lors de la sortie de  La donation, début novembre), le vétéran réalisateur s'est ouvert sur son style qui tranche avec la production contemporaine.

«Mon cinéma n'est pas dans la surenchère de l'image. J'haïs la virtuosité. Il y a des réalisateurs dont la virtuosité m'étourdit. Et ça ne m'impressionne pas du tout. Leur savoir-faire m'impression­ne, mais pas le résultat. Je trouve qu'il y a tellement d'images inutiles dans le cinéma d'aujourd'hui. On est dans la recette. Moi, je fais le contraire, pas seulement par réaction, mais surtout parce que j'aime ça.

«J'aime un art de l'attention. J'aime lorsqu'un peintre ou un cinéaste vient à ma rencontre et me permet d'aller à sa rencontre. Alors que, dans le cinéma contemporain, peu importe le film, t'es carrément assailli. Il y a des films destinés aux jeunes qui, pour moi, dépassent le seuil de la douleur...»

Émond considère qu'il existe un public grandissant pour son cinéma. «Mes films ne s'écrasent pas au box-office. Ils ont leur public. Bien entendu, ce n'est pas des publics de blockbusters, mais un public qui grandit de film en film et qui me permet de continuer.

«Les gens ont besoin qu'on les traite en adultes, ajoute-t-il. La publicité nous infantilise tellement. Elle nous montre un miroir et nous ramène à nos désirs. Moi, ce que j'aime, c'est aller vers l'autre. Le cinéma comme outil d'interrogation du réel, même si ç'a l'air prétentieux. C'est la vie, les humains, qui m'intéressent.»