La réalisatrice de Martha qui vient du froid se verra remettre la semaine prochaine le prix Arts et Culture décerné par le Y des femmes. Marquise Lepage s'est illustrée pour ses documentaires (Marie s'en va-t-en ville, Des marelles et des petites filles) ainsi que pour son engagement auprès des Réalisatrices Équitables. La remise de prix aura lieu lors d'une soirée gala, mercredi prochain, à Montréal.

Q Où en sont les Réalisatrices Équitables?

R C'est toujours un mouvement qui essaie de sensibiliser le milieu sur le manque de place et de financement pour les femmes en réalisation au Québec. On va faire cette année une tournée dans les cégeps parce que l'on remarque que les cégépiennes lâchent souvent leur rêve en cours de route. On essaie de sensibiliser les jeunes femmes à ça. C'est l'une des prochaines grandes batailles que l'on devrait mener en Occident: le droit à l'image, le droit de mettre en scène des regards de femmes. Surtout dans une société comme le Québec, où la télévision comme le cinéma sont subventionnés presque à 100%. L'image a une grande importance, même les personnages de fiction ont une influence.

Q Avez-vous un échéancier?

R On veut faire une grande campagne de promotion auprès des producteurs, des distributeurs et des diffuseurs. On remarque que quand il y a beaucoup d'intermédiaires, il y a un moins grand nombre de projets de femmes réalisés. On voudrait faire une campagne pour faire la promotion des réalisatrices.

Q Quelles réactions les Réalisatrices Équitables ont-elles engendré dans le milieu du cinéma et de la télévision?

R Étonnamment, cela commence à être assez unanime quant au problème. À partir du moment où on voit que les sommes allouées aux femmes par des organismes comme le Fond canadien de télévision ont baissé, de même qu'à la SODEC ou à Téléfilm, il y a un problème. Les seuls lieux où les sommes ont augmenté, c'est où il y a moins d'intermédiaires entre l'organisme et le créateur. À l'ONF ou au Conseil des arts, les taux sont meilleurs parce que les réalisatrices ne font pas affaire avec de nombreux intermédiaires.

Q Votre carrière est marquée par votre engagement pour le documentaire, pour les femmes. Vous considérez-vous comme une réalisatrice engagée?

R Je me considère comme une femme engagée. Même jeune étudiante, j'avais plein d'idéaux, j'essayais d'agir pour les bonnes choses. Quand j'ai décidé de faire de la réalisation, j'ai essayé de raconter des histoires qui me touchent.

Q Quels sont vos prochains projets?

R J'en ai plusieurs, mais concrètement, je fais un film sur la sexualité quand on est malade. C'est très touchant, mais très dur à illustrer. Je bouscule deux choses sur lesquelles j'ai une grande sensibilité: le cancer et ma pudeur. C'est un grand défi pour moi.