Le Festival de San Sebastian s'est laissé émouvoir mercredi par deux films durs et tendres, Blessed, de l'Australienne Ana Kokkinos, sur les rapports mère-enfant et Yo, también, histoire d'amour impossible entre une femme et un trisomique.

Ces films profondément humains ont été projetés en compétition officielle du festival qui se poursuit jusqu'à samedi dans la célèbre station balnéaire du nord de l'Espagne.

Yo, también, premier long métrage des Espagnols Antonio Naharro et Alvaro Pastor, met en scène Daniel Sanz, un jeune homme de 34 ans, habitant à Séville et atteint de trisomie 21.

Daniel est le seul trisomique à avoir obtenu un diplôme universitaire en Europe et s'apprête à occuper son premier emploi, au service régional des Affaires sociales. Il s'exprime parfaitement, a beaucoup d'humour, de grandes capacités d'adaptation.

Le plus remarquable est que son profil calque en tous points celui de l'acteur trisomique qui incarne Daniel, Pablo Pineda, titulaire dans la vraie vie d'un diplôme universitaire d'enseignement spécialisé et très convainquant dans ce film attendrissant.

L'histoire d'amour qu'il noue avec une de ses collègues un peu paumée, Laura, admirablement jouée par l'actrice Lola Dueñas n'est en revanche que pure fiction. Cet amour, rendu impossible par le poids des préjugés, sera source de grande souffrance pour Daniel et Laura.

«Pour le personnage de Daniel», qui oscille entre joie, déception, tristesse, «j'ai dû réaliser une introspection, revivre des moments très difficiles», a déclaré l'acteur Pablo Pineda en conférence de presse.

Ce film, qui rappelle Le huitième jour (1996), du Belge Jaco van Dormael, avec Daniel Auteuil et l'acteur trisomique Pascal Duquenne, transmet «un message d'amour sans barrières. Nous sommes des personnes humaines et avons besoin d'aimer et d'être aimés», a ajouté Pablo Pineda.

Dans l'autre film présenté mercredi, Blessed, l'Australienne Ana Kokkinos, l'une des rares cinéastes femmes présentes cette année dans la sélection officielle, a choisi de filmer les relations mères-enfants à travers plusieurs familles en perdition.

Le film, très rythmé, est divisé en deux parties. La première est filmée du point de vue des enfants, de préadolescents à jeunes adultes, qui découchent ce soir-là, pour différentes raisons, souvent liées à des problèmes familiaux. Tous ne reviendront pas à la maison. La deuxième partie montre le point de vue des mères.

Des mères et des enfants éloignés par la vie mais qui se voient d'un coup rapprochés par des événements dramatiques.

Le jury présidé par le réalisateur français Laurent Cantet devra faire son choix parmi les quinze films en compétition pour attribuer samedi le Coquillage d'or (Concha de oro), la principale récompense du festival.

Deux films se détachent pour l'instant au baromètre des critiques, pas toujours suivi par le jury: El secreto de sus ojos, de l'Argentin Juan José Campanella, et City of Life and Death, du Chinois Lu Chuan.

L'an passé, la Concha de oro avait été remportée par Pandora's Box, film sobre et poignant de la réalisatrice turque Yesim Ustaoglu.