Armé de sa caméra, de sa plume et de ses opinions tranchées, Pierre Falardeau a passé sa vie à lutter pour défendre sa vision du Québec. L'auteur, réalisateur et libre penseur a perdu sa dernière bataille vendredi soir, emporté par un cancer à l'âge de 62 ans.

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Durant tout le week-end, artistes, politiciens et militants souverainistes se sont succédé pour rendre un dernier hommage au créateur.

«Pierre a vécu sa vie comme il aurait voulu son pays: indépendant et libre», a confié Luc Picard, comédien et ami du cinéaste. «Il va vraiment me manquer. Car contrairement à ce que la plupart des gens croient, c'était un gars drôle, affectueux et surtout très humain.»

Pierre Falardeau est décédé vendredi soir à l'unité de soins palliatifs de l'hôpital Notre-Dame à Montréal. Sa conjointe, Manon Leriche, et ses enfants, Jules, Hélène et Jérémie, qui souhaitent pour l'instant vivre leur deuil en privé, n'ont pas indiqué le moment des obsèques. Une soirée hommage a toutefois été organisée le 11 octobre par le Mouvement souverainiste du Québec.

Au-delà du personnage coloré, les gens qui l'ont connu se souviendront surtout de lui pour sa persévérance et son intégrité intellectuelle.

«Fierté et intégrité»

«La fierté et l'intégrité sont en deuil», a écrit le scénariste de la série Elvis Gratton, François Avard, dans un courriel qu'il a fait parvenir à La Presse. «Falardeau avait le talent pour devenir riche. Il a néanmoins choisi de mettre ce talent au service de ses convictions et de ses idées, loin du consensus qui rapporte.»

«On perd un père spirituel», a ajouté son ami Patrick Bourgeois, également porte-parole du mouvement Le Québécois. «Il fallait se promener avec Pierre en public pour comprendre à quel point il aimait les gens et que les gens l'aimaient. C'est rare, aujourd'hui, les personnes qui bâtissent leur vie autour d'une cause. Même quand le système lui a tapé dessus, il a tout le temps continué à se battre, il n'a jamais mis ses idéaux de côté.»

Le personnage public

«Sous des dehors un peu rugueux, c'était un personnage très sensible», a confié son ami et collègue de la revue Couac, Jean-François Nadeau. «C'est contradictoire par rapport au personnage public qui était demi-truand, très sûr de lui et qui n'avait pas peur de la controverse. En privé, c'était quelqu'un qui écoutait beaucoup, mais je dois ajouter qu'il était droit comme un tronc d'arbre!»

De Jean Charest à Pauline Marois, en passant par Amir Khadir, de nombreux politiciens ont souligné l'apport du cinéaste à la culture québécoise. Pauline Marois a d'ailleurs indiqué que le Parti québécois allait bientôt organiser un événement pour lui rendre hommage.

De son côté, l'ancien premier ministre du Québec Bernard Landry s'est dit profondément attristé par sa mort.

«Je le rencontrais souvent et, chaque fois, je lui disais qu'on pensait à peu près tout le temps la même chose, mais qu'on l'exprimait de façon complètement différente. Cela nous faisait beaucoup rigoler!» se souvient-il.

«Son cinéma était vivant et vigoureux. Son art a servi l'indépendance nationale de façon inoubliable et humoristique avec Elvis Gratton et de façon poignante et dramatique avec 15 février 1839, son film sur les patriotes», a-t-il ajouté. «J'espère que son oeuvre va continuer de faire réfléchir et que lorsque l'on parlera d'indépendance, on aura une pensée pour lui.»