Prends ça court fêtera ses 10 ans à l'Impérial vendredi prochain. Pour la première fois associé au Festival du nouveau cinéma, l'événement mettra en vedette une toute nouvelle fournée de courts métrages québécois.

Le technicien, de Simon-Olivier Fecteau, Les mots, d'Ivan Grbovic; La belle au verre de lait, de Félix Rocque; King Chicken, de Nicolas Bolduc, Jour sans joie, de Nicolas Roy; La vie commence, d'Émile Proulx-Cloutier, Léger problème, d'Hélène Florent, Tête Blanche, de Patrick Boivin; Danse macabre, de Pedro Pires. Tous ces courts métrages seront présentés vendredi prochain à l'Impérial, en première canadienne dans la plupart des cas, dans le cadre de Prends ça court.

Prends ça court, c'est 10 ans de courts métrages, de soirées mensuelles et de découvertes de talent. «C'est complètement fou», constate Danny Lennon, l'homme derrière Prends ça court, qui est aussi programmateur pour des festivals de cinéma ou encore Québec Gold.

Depuis la création de Prends ça court, le court métrage a littéralement explosé, dit-il. «Dans les cinq dernières années, ç'a explosé à l'international comme ici. La demande est constante: je suis même obligé de dire non à des invitations de festivals de cinéma», dit celui que l'on peut croiser tant à Sundance qu'à Cannes ou Vladivostok.

Pour les réalisateurs, le passage par Prends ça court est presque une figure obligée. «Prends ça court est une institution montréalaise importante», estime le réalisateur Ivan Grbovic. «C'est une plateforme privilégiée pour la diffusion et la visibilité du court, qui met le projecteur sur la création du court métrage», croit Félix Rocque.

«Pour moi, c'est grâce à Prends ça court que les gens sont capables d'apprécier le court métrage pour ce qu'il est. Les gens se forcent dans les programmations de festivals maintenant, et Danny a réussi à construire avec Prends ça court un gage de qualité sur le court métrage, estime Patrick Boivin.

Outre la qualité des films, il faut noter aussi l'éclectisme des propositions. Le technicien, de Simon-Olivier Fecteau, est un film facétieux, tout comme King Chicken, le romantique et naïf court de Nicolas Bolduc. Émile Proulx-Cloutier opte lui pour une proposition plus réaliste dans La vie commence tandis que Jour sans joie, de Nicolas Roy, va franchement dans le drame.

Dans La belle au verre de lait, Félix Rocque suit les amours romantiques, platoniques, à sens unique d'un jeune homme avec son énigmatique voisine. Issu du monde de l'animation, Félix Rocque estime que le court «est une occasion en or de s'éclater dans un univers à mi-chemin entre animation et cinéma: j'ai l'impression que le court me permet d'expérimenter des choses simples et plus précises», dit-il.

Les courts métrages québécois voyagent également plus que les longs. Si Next Floor, de Denis Villeneuve, a fait le tour des festivals en 2008, les festivals internationaux sont, en général, très ouverts au court d'ici, observe Danny Lennon. «Next Floor a voyagé partout: il a eu une exposure incroyable», dit-il.

Bref, si le court métrage est une forme toujours populaire auprès des jeunes talents (réalisateurs, scénaristes et producteurs), Danny Lennon déplore un manque de moyens dans les institutions pour le financer. «Le financement n'a pas augmenté, ou très peu, en 10 ans. Pourtant, les demandes d'aides ont quintuplé», observe-t-il.

«La future gang, on ne les aide pas. Je trouve ça totalement illogique, et je ne comprends pas. Quand on parle de relève, on parle de toute une génération de cinéastes qui sont allés chez Kino, ont participé au Wapikoni mobile ou à Prends ça court. On est en train de se bâtir des gens professionnels», croit Danny Lennon.

Que souhaiter donc à Prends ça court pour sa dixième année? «Une onzième et que je ne m'écoeure pas avant!» plaisante Danny Lennon. Avec une première association avec le Festival du nouveau cinéma, Prends ça court pourrait séduire un nouveau public. Ce serait le fun que le grand public voit ça, parce que le court métrage, c'est bon.»

Soirée Prends ça court, le 9 octobre à l'Impérial, à 19h.