Après Sur le seuil, sorti au grand écran il y six ans, 5150, rue des Ormes la semaine prochaine et Les sept jours du talion l'an prochain, sans oublier une poignée d'autres projets d'adaptation de ses romans en cours et un scénario original de son cru, Patrick Senécal est un homme fort occupé et très en demande.

Rencontre avec un romancier qui fait trembler d'effroi des milliers de lecteurs et maintenant de cinéphiles.

Q : Comment réagissez-vous lorsqu'on vous décrit comme le Stephen King québécois?

R : Je crois que je suis plus noir que lui. Je ne dis pas que je suis meilleur, mais dans ses histoires, ce sont souvent des héros qui luttent contre les forces du mal. Mes personnages luttent contre eux-mêmes. La comparaison, je la comprends dans le sens qu'on écrit tous les deux des thrillers d'horreur et qu'on explore des zones sombres de la nature humaine, mais j'ai l'impression que mes personnages sont moins héroïques que les siens. Ce sont ses livres, particulièrement Shining, Salem et Pet Cemetary, qui m'ont donné envie d'écrire.

Q : On reproche à certains romanciers soucieux de voir leur livre adapté au cinéma - pensons à feu Michael Crichton - d'emprunter plus un langage cinématographique que littéraire. Est-ce que le cinéma influence votre façon d'écrire?

R : Quand j'écris un roman, je ne pense pas en fonction du cinéma. En littérature, tu as une liberté que n'offre pas le cinéma. Comme créateur, c'est se tirer une balle dans le pied que de refuser cette liberté sous prétexte d'une possible adaptation de son livre au grand écran. Au sujet de Crichton, je trouve ça plate, mais il était embarqué dans la business hollywoodienne. On lui avait acheté l'adaptation de ses quatre prochains romans. C'est dommage, car à la fin, il était davantage un scénariste qu'un romancier.

Q : Où puisez-vous votre inspiration?

R : Pour moi, l'horreur, ce n'est pas le monstre des marais, une pieuvre avec des tentacules ou une momie. L'horreur, c'est nous. On porte l'horreur en nous. L'homme peut devenir le pire des monstres. Je m'intéresse souvent à des gens qui sombrent dans leur propre noirceur. Ce doit être un exutoire à mes propres démons, mais je ne pourrais pas expliquer la mécanique de l'inspiration. C'est plus instinctif que rationnel.

Q : Quels sont vos romanciers favoris, que ce soit dans le fantastique, l'horreur ou dans la littérature en général?

R : J'aime beaucoup James Ellroy (Le dahlia noir, L.A. Confidential). Ceux qui pensent que je suis fucké devraient le lire. Il est encore plus fucké que moi (rires). Il y a aussi Dennis Lehane (Shutter Island, Gone Baby Gone), certains romans de Clive Barker. De façon plus large, Romain Gary et Émile Zola.