Dans le drame post-apocalyptique The Road, Charlize Theron tient le rôle d'une mère qui veut se suicider parce qu'elle ne peut supporter la désolation qui l'entoure.

Dans The Burning Plain, qui vient de prendre l'affiche, l'actrice de 34 ans interprète une restauratrice dont l'énorme sentiment de culpabilité pour des gestes passés la pousse à collectionner les relations sans lendemain.

Charlize Theron est bien consciente qu'il peut être difficile de vendre des histoires aussi sombres à un public attiré, en grande partie, par des sujets plus légers dans une économie au ralenti.

«Il est évident que ces films (plus sombres) avaient un bon marché dans les années 1970, a-t-elle admis en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne. Je crois que cela a changé. C'est triste, d'une certaine façon, mais j'aime vraiment ces films et je ne crois pas qu'ils disparaîtront. C'est pourquoi je n'ai pas peur de les faire.»

Les recettes record récoltées cet été au box-office (4,17 milliards $ en Amérique du Nord avant la fête du Travail) ont prouvé que l'économie n'empêche pas les cinéphiles de sortir de la maison. Mais ce sont les films légers, offrant un moyen de s'évader, qui ont récolté le plus d'argent: Transformers - Revenge of the Fallen (402 millions $), The Hangover (275 millions $), Star Trek (257 millions $) et Harry Potter and the Half-Blood Prince (300 millions $).

Cette tendance s'est poursuivie à l'automne, avec la comédie d'horreur Zombieland et le film pour enfants Cloudy with a Chance of Meatballs, qui ont pris le box-office d'assaut.

Mais l'automne offre normalement du matériel plus sérieux, et cette année ne fait pas exception.

Il y aura The Lovely Bones, une adaptation faite par Peter Jackson d'un roman d'Alice Sebold, qui raconte l'histoire d'une adolescente qui regarde sa famille du ciel, après avoir été violée et assassinée. On pourra aussi voir Precious: Based on the Novel Push by Sapphire, l'histoire d'une adolescente obèse et illettrée, qui tente de changer sa vie après être tombée enceinte deux fois de son propre père.

Ces titres sombres ne semblent cependant pas inquiéter Hollywood outre mesure. Le réalisateur de The Road, John Hillcoat, par exemple, ne craint pas pour le succès commercial de son film.

En plus de Charlize Theron, le film met en vedette Viggo Mortensen et le jeune Kodi Smit-McPhee dans une adaptation d'un roman de Cormac McCarthy. The Road, qui prendra l'affiche le 25 novembre, est froid et dérangeant, mais Hillcoat croit que le public trouvera quelque chose de familier dans l'atmosphère du film.

«Il y a des craintes sur l'environnement, sur l'économie, sur plusieurs choses. Le problème, c'est que la peur ferme beaucoup de portes et peut causer l'ignorance (...).  Le film vise à souligner ce qui arrive lorsque la peur prend le contrôle», a expliqué le réalisateur.

Oprah Winfrey, qui produit le film Precious, a dit espérer que les cinéphiles accueilleront à bras ouverts la noirceur de l'histoire. «C'est tellement cru que ça aspire tout l'air de la pièce à la fin du film, et c'est une très bonne chose», a-t-elle dit en conférence de presse au dernier Festival du film de Toronto.

Charlize Theron admet que l'avenir du cinéma réside peut-être dans ces films qui réussissent à cacher un message sérieux ou un commentaire social derrière des artifices qui plairont à un large public.

«Je crois qu'une bonne histoire est une bonne histoire, mais je pense qu'il y a quelque chose d'intéressant qui se produit dans notre industrie en ce moment, a-t-elle avancé. Je vois des cinéastes qui aiment ce genre d'histoires, mais qui ont un talent particulier pour leur donner un enrobage différent.»