Isabelle Adjani, qui n'a tourné dans aucun film marquant ces dernières années, retrouve dans La journée de la jupe un beau rôle, celui d'une enseignante à bout de nerfs qui prend ses élèves en otages.

Le film de Jean-Paul Lilienfeld, qui prendra l'affiche vendredi, aborde avec justesse, et sans tabou, des problèmes que peuvent connaître certains collèges de banlieue.

Sonia Bergerac (Isabelle Adjani) est professeure de français dans un établissement scolaire difficile, fréquenté par des jeunes issus de familles défavorisées. Lors d'un cours particulièrement agité, et après avoir découvert une arme dans le sac d'un des jeunes, elle «pète les plombs» et prend ses élèves en otages.

Au fil des heures, les jeunes dévoilent des facettes inavouées de leur personnalité, ce qui entraîne de nombreux revirements de situation. Le principal du lycée (Jackie Berroyer, excellent) est dépassé par les événements. Quant à l'un des responsables de la police qui intervient sur place, Labouret (Denis Podalydès), il connaît quelques problèmes conjugaux qui viennent interférer dans son action. En dehors du lycée, l'inquiétude commence à monter, et les langues se délient...

Réalisateur de Quatre garçons pleins d'avenir (1997) et HS (2001), Jean-Paul Lilienfeld dresse un constat peu optimiste de la situation dans certains collèges: difficultés pour les professeurs à enseigner et à se faire respecter, conflits entre garçons et filles...

«J'ai eu envie de parler du durcissement des positions, du recul des relations garçons-filles», explique le cinéaste. «Quels que soient les choix politiques ou religieux de chacun, il existe des valeurs de base indiscutables et intransgressibles», ajoute-t-il.

Isabelle Adjani a adhéré tout de suite au scénario, expliquant qu'il ne lui avait fallu que quelque minutes après l'avoir lu pour accepter le rôle. Ensuite, elle s'est retrouvée face aux élèves (non professionnels) qui avaient répété pendant deux mois, et elle raconte qu'elle ne pouvait pas tricher avec eux. «Ils vous regardent droit dans les yeux, ils savent de quoi on parle. Il faut, comme ils disent, que «ça parle réel»», confie-t-elle.

L'actrice, «césarisée» pour Possession, L'été meurtrier, Camille Claudel et La Reine Margot, s'avère convaincante dans ce rôle d'enseignante pleine de bonne volonté, débordée par ses élèves.

En voyant ce long métrage, on ne peut s'empêcher de penser à Entre les murs, qui s'intéresse également à des jeunes d'un collège difficile. Si ce film de Jean-Paul Lilienfeld ne présente pas autant d'originalité et ne dégage pas autant d'énergie que celui de Laurent Cantet (Palme d'Or à Cannes en 2008), il est bien construit, parfois drôle, tout en abordant des thèmes très sérieux, parfois dramatiques.