Petit succès de Sundance et de Cannes, où il a gagné le prix de la critique, Amreeka montre les déboires d'une Palestinienne fraîchement débarquée en Illinois. Avec ce film, la réalisatrice Cherien Dabis s'est inspirée de sa propre vie.

«Je voulais raconter cette histoire depuis la perspective intérieure d'une famille», dit la cinéaste.

En 1991, Cherien Dabis, fille d'un médecin installé dans une petite communauté de 10 000 âmes, voit les patients fuir le cabinet paternel et les autorités du lycée se convaincre que sa soeur complote pour assassiner le président.

Dans Amreeka, Muna (Nisreen Faour), Palestinienne un peu enveloppée, plaquée par son mari, part avec son fils Fadi pour l'Amérique (Amreeka, dans le titre). Personnage lumineux du film, elle traverse avec humour les drames qui ponctuent sa vie.

«Je me suis inspirée de ma tante, qui, quand elle est arrivée aux États-Unis, était pleine d'espoir et faisait vraiment confiance aux gens, explique Cherien Dabis. J'ai toujours voulu combiner l'humour et la sensibilité des personnages. Il y a un équilibre naturel.»

Le film se déroule en 2003 au moment de l'invasion de l'Irak par les États-Unis. Quand on demande à la réalisatrice l'importance de cette date dans son film, elle répond que «cela ne compte pas vraiment».

«On se disait toujours, après 1991, que le racisme ne reviendrait pas. C'est revenu en 2003, et je ne crois pas que nous ayons encore suffisamment avancé», dit-elle.

Élevée en Ohio, Cherien Dabis s'est installée à New York pour ses études. «J'aime la diversité de cette ville», précise-t-elle. Si elle a scénarisé quelques épisodes de la célèbre série américaine The L World, Cherien Dabis a dû batailler durant cinq ans pour produire son premier long métrage.

«C'était vraiment, pour les producteurs, un grand défi», dit-elle. Voilà un premier film, avec des acteurs inconnus, arabo-américains, dont le personnage principal est une femme: «On ne voit jamais, dans le cinéma américain, la communauté arabo-américaine», constate-t-elle.

C'est finalement dans la communauté arabo-américaine et canadienne que Cherien Dabis a trouvé son financement. Le film a connu du succès aux États-Unis et dans les festivals.

«Je suis surprise et tout à fait bouleversée: c'est exactement ce dont je rêvais. Cela montre que l'on peut faire des films différents qui peuvent marcher», dit-elle.

Portée par le succès d'Amreeka, Cherien Dabis prépare actuellement son deuxième long métrage qui se déroulera en Jordanie. C'est la deuxième fois qu'elle tournera au Moyen-Orient puisque Amreeka a pu, en partie, être filmé en Palestine.

«Cela avait été tout un défi, dit-elle, mais on a finalement pu obtenir les autorisations nécessaires. Tout a été très calme. C'était très organique de filmer là-bas, au milieu des gens. J'ai vraiment pu filmer la vie.»