Samantha Geimer, avec laquelle Roman Polanski a eu des «relations sexuelles illégales» en 1977 alors qu'elle avait 13 ans, a réclamé devant la justice californienne l'abandon des poursuites à l'encontre du cinéaste, révèlent lundi des documents judiciaires.


Les avocats de Mme Geimer ont déposé la demande de leur cliente vendredi devant la cour d'appel de Californies, à Los Angeles.


Selon les documents remis à la justice, Samantha Geimer, qui vit à Hawaii avec son mari et ses enfants, souffre de problèmes de santé, provoqués par le harcèlement médiatique dont elle serait victime depuis l'arrestation de Roman Polanski en Suisse, le 26 septembre dernier, sur mandat américain.


«Samantha et son avocat ont reçu près de 500 appels téléphoniques de médias à travers le monde pour obtenir un commentaire», peut-on lire dans la requête.


En 1995, 1997 et en janvier dernier, Samantha Geimer avait déjà réclamé à la justice de Los Angeles l'abandon des poursuites à l'encontre de Roman Polanski, qui s'était enfui des États-Unis en 1978 avant sa condamnation dans cette affaire.


Dans leur requête de vendredi, les avocats de Mme Geimer réaffirment que le réalisateur du Pianiste s'était enfui à cause d'un juge «corrompu».


«Quel qu'ait pu être son crime, M. Polanski méritait d'être traité équitablement; il ne l'a pas été», écrivent-ils.


«Le jour où M. Polanski s'est enfui est une triste date pour la justice américaine. Samantha ne devrait pas en payer le prix», selon eux.
Les avocats de Mme Geimer déplorent le harcèlement infligé à leur cliente par les médias.


Les animateurs-vedettes américains Larry King et Oprah Winfrey «ont appelé, tous les programmes matinaux des chaînes nationales ont appelé, ainsi que trois journalistes du Los Angeles Times et tous les grands journaux américains et étrangers», détaillent-ils.
«La réponse (de Mme Geimer est): +s'il vous plaît, laissez-moi tranquille+. Mais (les médias) ne la laissent pas tranquille», ajoutent-ils.


Ils précisent par ailleurs que la mère de Mme Geimer, son mari et ses enfants ont eux aussi été «harcelés» par les journalistes.
«La victime est une nouvelle fois victime», estiment-ils.


Dénonçant les appels des médias sur le téléphone portable de Mme Geimer et sur son lieu de travail, ils affirment qu'il existe «un vrai risque» pour elle de perdre son emploi et formulent «une demande, une requête, un appel: laissez-la tranquille».


Samantha Geimer avait quitté Los Angeles pour Hawaii dans les années 80, pour fuir la célébrité qu'elle a acquise malgré elle.


En janvier dernier, elle avait estimé que l'insistance avec laquelle le parquet de Los Angeles exigeait le retour du cinéaste aux États-Unis tenait d'une «mauvaise blague» dont elle faisait les frais.


«J'ai survécu, j'ai même surmonté (cette épreuve) et guéri de tous les maux que M. Polanski a pu m'infliger lorsque j'étais enfant», avait-elle déclaré, ajoutant qu'il était temps que «ce chapitre se referme».


Agé de 76 ans, Roman Polanski est détenu en Suisse depuis le 26 septembre. Jeudi, les États-Unis ont formellement présenté une demande d'extradition pour le cinéaste, qui a immédiatement annoncé qu'il s'y opposerait.