Michel Monty a de la chance et il le sait. Pour son premier long métrage au cinéma, Cent milliards de neurones, l'homme de théâtre travaille avec une équipe expérimentée, un casting d'enfer et la possibilité d'improviser sur le plateau!

«C'est très rare, je le sais, mais j'ai des acteurs capables de le faire et une équipe très souple, disait le réalisateur hier, lors d'une pause de la production. J'ai beaucoup de liberté. La productrice m'a laissé de la place pour la créativité.»

Coproductrice avec Pierre Even, Josée Vallée, de Cirrus, explique que ce genre de liberté d'action est rendu possible par une longue planification avant le tout premier tour de manivelle.

«On l'a bien entouré avec Michel La Veaux à la direction photo et Dominique Fortin au montage, explique-t-elle. Mais la préparation en amont est importante, ce qui nous donne une marge de manoeuvre, par la suite, sur le plateau.»

Même s'il profite d'une chance qu'il a su lui-même provoquer, Michel Monty se rongeait quelque peu les sangs, hier, à quatre jours de la fin du tournage.

«Ce qui me stresse, a avoué le nouveau cinéaste, c'est que le cinéma, contrairement au théâtre, c'est quelque chose de définitif. Même si j'ai pu changer complètement des scènes sur le plateau, on l'a fait et c'est fini. Au théâtre, on peut apporter des corrections tous les soirs si on veut.»

Le passage des planches de théâtre au plateau de cinéma s'est tout de même fait en douceur pour le dramaturge (Cyberjack, Prise de sang) et metteur en scène (La société des loisirs, Antartikos, Gagarin Way).

«Un bon film, c'est d'abord un bon scénario. Mais ce n'est pas un texte de pièce de théâtre que j'ai écrit, dit-il. Il n'y a pas de longs monologues dans le film. Plus je peux raconter par l'image, mieux c'est.»

Le plateau s'est activé surtout à Montréal depuis le 22 septembre, plus précisément dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

«C'est un peu le Brooklyn de Montréal, pense Monty. Il y a de belles maisons et on peut facilement y faire bloquer une rue pour les besoins de la production.»

Un fils et son père

Coproduction de Cirrus et Item 7, la nouvelle compagnie de Pierre Even, le film est doté d'un budget de près de 4 millions.

Cent milliards de neurones raconte l'histoire d'un jeune garçon (Charles-Antoine Perreault) atterré par la mort subite de son père (François Papineau). Son obsession à honorer sa mémoire est au coeur du drame, puisque sa mère (Julie Le Breton) tente plutôt d'oublier cet homme qui avait un côté secret.

«Le film est basé sur des éléments de réalité qui viennent en partie de ma vie, confie Monty, qui a aussi signé le scénario. J'ai mis le paquet à l'écriture et c'est ce qui m'a permis d'avoir l'appui des institutions pour le financer.»

Contrairement aux autres films récents qui traitent de la même période, que ce soit Un été sans point ni coup sûr ou C.R.A.Z.Y. par exemple, Cent milliards de neurones ne jouera pas à fond la carte des années 60.

«C'est une histoire qui appartient à cette époque, explique le réalisateur. Elle ne pourrait pas se dérouler aujourd'hui, mais je me suis éloigné le plus possible de la veine des films récents. On n'y entendra pas de la musique des Beatles et ce n'est pas nostalgique.»