Jamais première de cinéma québécois n'aura suscité tant d'enthousiasme. Tapis rouge, fans accueillant par des cris les joueurs de l'équipe actuelle, demandant des autographes aux joueurs mythiques du CH: Jean Béliveau, Yvan Cournoyer, Réjean Houle ou Elmer Lach. Près de 14 000 spectateurs ont pris place hier au Centre Bell pour la première du film Pour toujours les Canadiens, de Sylvain Archambault.

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C'est un tapis rouge taille XXL qui a été organisé hier au Centre Bell pour la première du film célébrant les 100 ans du Canadien. Devant le Centre Bell, une centaine de fans faisaient le pied de grue, depuis 15 h de l'après-midi, pour voir les joueurs de l'équipe actuelle tout comme les anciennes stars du CH arriver, quatre heures plus tard.

«Ce soir, on est sûrs que le Canadien va gagner», s'est exclamé l'un d'entre eux. Alors que chaque arrivée de limousine était ponctuée de cris, les vedettes de cinéma se présentaient tranquillement. «Les gens ne sont pas là pour moi, constatait, réaliste, Christian Bégin, mais il y a quelque chose de surréel. Le Canadien est une grande institution, c'est une grande première.»

Grande, l'adjectif est bien choisi pour qualifier la première. Avec 100 médias, 6000 invités pour 14 000 spectateurs, l'événement, organisé par le CH, a même décroché une mention au Guinness pour le record de la plus grande première intérieure d'un film jamais organisée, selon le distributeur, TVA Films.

Sur le tapis rouge aménagé à l'intérieur du Centre, l'arrivée des joueurs de l'équipe actuelle n'a pas manqué de susciter l'engouement des spectateurs. «Il y a beaucoup de monde, beaucoup de photos, c'est un beau moment», résume Maxim Lapierre, qui, habitué aux fans, a failli nous ôter cahier et stylo des mains pour nous donner un autographe.

Amateur de hockey, Claude Legault, qui tient le rôle d'un entraîneur dans le film, a même demandé à Maxim Lapierre et Guillaume Latendresse de prendre la pose avec lui «comme un téteux, rigole-t-il. C'est familial au boutte: moi, j'ai amené mon frère et ma mère, on a vraiment l'impression qu'il va il y avoir un match».

«La star, ce n'est pas le film, c'est le Canadien», résume la productrice Lorraine Richard de Cité-Amérique. Si l'association Canadien-aréna va de soi, celle entre le cinéma et le Centre Bell est plus inattendue. Il a donc fallu faire de nombreux tests pour s'assurer de la qualité de l'image, retransmise sur les écrans centraux, et du son, précise le producteur Luc Martineau.

Les ajustements n'ont pas été seulement d'ordre technique. «Il y a toute une hiérarchie à respecter, la LNH est impliquée, il y a une grosse équipe du Canadien qui est là et qui veut que tout marche bien», poursuit Luc Martineau, à qui l'on doit Séraphin ou Babine.

Le Canadien a-t-il sorti les ciseaux à plusieurs reprises dans la production et la préparation de la première? «Oui et non», répond Ray Lalonde, le vice-président et chef de la direction marketing du Canadien. «Ça a aligné tout seul: notre business, à nous, c'est de faire du hockey. Eux, c'est de faire des films.»

«On est fiers d'avoir contribué à quelque chose qui n'a jamais été fait sur une équipe. Ici, c'est le domicile du Canadien, les partisans viennent ce soir pour la représentation d'un film. C'est une première avec un cachet très spécial, poursuit-il. Les Québécois sont les propriétaires de l'équipe, nous ne sommes que les guides de cette équipe.»

La première n'est pas seulement inhabituelle en raison de sa taille et de la fièvre de hockey qu'elle a suscitée à Montréal, mais aussi pour ses sous-titres en anglais et pour sa date: deux semaines avant la sortie du film. TVA Films ne craint manifestement pas le «mauvais buzz».

«C'est un film auquel on croit beaucoup: il plaît à tout le monde, on n'a pas peur de le montrer. C'est un excellent bouche-à-oreille qui va se faire là. On a gardé les cages et la glace sur la patinoire, la thématique est excellente. C'est un beau projet», répond le patron de TVA Films, Yves Dion.

À l'intérieur du Centre, la projection du film s'est déroulée dans un calme presque religieux et tout à fait inhabituel pour les lieux, à peine interrompue par des rires ou par des bravos pour l'ancien capitaine Saku Koivu, qui apparaît dans le film. Les joueurs de l'équipe actuelle, assis dans une section du Centre, ont aussi été longuement applaudis en début de projection.

Le maire de Montréal Gérald Tremblay a, quant à lui, essuyé quelques huées, tout comme Luc Martineau quand il a évoqué, peu avant la projection, le financement «avec (nos) taxes» du film. La présence de la Coupe Stanley à l'écran a aussi, en ce début de saison maussade, recueilli quelques piaffements.

Bon buzz ou mauvais buzz, le Canadien n'a jamais douté de la réussite commerciale du projet. «Disons qu'on n'a jamais douté du succès du film, dit Ray Lalonde. Il est difficile d'envisager comment la marque serait affectée de cette façon.» Le film sortira le 4 décembre dans une centaine de salles.