En cette troisième année, le Festival du film brésilien de Montréal veut montrer autre chose que la violence et la pauvreté.

Le nouveau cinéma brésilien ne se limite pas au «cinéma des favelas». Loin s'en faut. Au-delà de films durs, mais essentiels, comme La Cité de Dieu et Centrao do Brasil, sa production se veut aussi diverse et bigarrée que le pays lui-même.

Ainsi en est-il du troisième Festival du film brésilien de Montréal (FFBM), qui prend l'affiche jusqu'au 3 décembre au Cinéma du Parc. Avec sa quinzaine de films allant de la fiction au documentaire, l'événement se veut le reflet d'une industrie plus variée qu'il n'y paraît.

«La Cité de Dieu, c'est un super film, admet la programmatrice de l'événement Katia Adler. Mais moi je voulais sortir de la violence du Brésil. Il se fait entre 80 et 100 films par années dans notre pays. Alors forcément, on parle aussi d'autre chose. Le but, dans cette édition, c'était de montrer l'étendue de la culture brésilienne.»

Pour ce faire, Mme Adler n'a pas hésité à remettre quelques classiques à l'affiche. L'éternel Orfeu Negro, classique de 1959, sera au menu. Tout comme This is Pelé, documentaire de 1974 sur le légendaire footballeur, ici présenté dans une version restaurée, jamais montrée au Québec. Ou encore le film Pierre Verger: messager entre deux mondes, ethno-photographe réputé, interviewé en 1998 par le célèbre chanteur Gilberto Gil.

Le reste de la programmation, résolument actuel, s'attardera à la cuvée 2008 du cinéma brésilien, avec des films comme Apenas o Fim (Prix du public au Festival de Rio) Se nada mais der certo (meilleur film au festival de Brasilia) Romance (avec l'acteur vedette Wagner Moura) Alucinados (meilleur film au festival du film brésilien de Madrid) ou les documentaires Le mystère de la samba et Parole (en) chantée, portant respectivement sur la danse et l'histoire de la musique populaire au Brésil.

Percer mondialement

Soulignons qu'après une désastreuse décennie 90, marquée par la politique culturelle de l'ancien président Fernando Collor, le cinéma brésilien connaît actuellement un second souffle, ce qui en fait une puissance du cinéma sud-américain, à égalité avec l'Argentine. Au niveau national, le box-office fonctionne relativement bien, même si la télé, avec ses feuilletons extraordinairement populaires, demeure le principal générateur de fric et de vedettes.

Selon Katia Adler, le problème se situerait plutôt au niveau du rayonnement. Car en dépit du succès mondial de Walter Salles (Centrao do Brasil) ou Fernando Meirelles (Cité de Dieu), le cinéma brésilien peine encore à faire sa marque à l'étranger. «C'est un marché extrêmement difficile à percer quand on ne fait pas de cinéma américain, résume la programmatrice. Mais j'imagine qu'en continuant de produire 100 films par an, on va finir par être vus.»

Le grand circuit des festivals reste, à cet égard, une fenêtre vitale pour cette industrie croissante. Qui multiplie par ailleurs les ententes internationales afin de se développer. En témoigne cet accord de coopération, renouvelé en octobre dernier, entre le Secrétariat de l'audiovisuel brésilien et l'Office national du film du Canada, qui pourrait éventuellement déboucher sur des réalisations conjointes de documentaires pour le web.

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Festival du film brésilien de Montréal. Jusqu'au 3 décembre au Cinéma du Parc.

www.brazilfilmfest.net