Le cinéaste Roman Polanski, libéré sous caution par la justice suisse, a retrouvé vendredi son chalet de Gstaad où il est désormais assigné à résidence dans l'attente d'une éventuelle extradition vers les États-Unis.

Le réalisateur franco-polonais est arrivé sous un grand soleil, dans un convoi de deux limousines noires aux vitres teintées qui a déboulé peu avant 13 h par le petit chemin glacé menant au chalet de la station huppée des Alpes suisses, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Les deux voitures se sont ensuite engouffrées dans le garage souterrain de la villa en bois décorée de guirlandes de Noël électriques, et dont les volets, jusqu'à présent fermés, se sont peu à peu ouverts dans la matinée.

Peu avant, une camionnette avait amené dans le chalet entouré d'une neige abondante une jeune femme aux cheveux châtains, emmitouflée et cachée derrière une paire de lunettes noires.

Selon une source proche du dossier, la femme du réalisateur, Emmanuelle Seigner, et ses deux enfants, Morgane et Elvis, devaient accueillir le cinéaste qui vient de passer plus de deux mois en prison pour une affaire de moeurs aux États-Unis datant de plus de 30 ans.

Le réalisateur du Pianiste, arrêté le 26 septembre à Zurich sur mandat américain, devra attendre à Gstaad son éventuelle extradition vers les États-Unis, où il est poursuivi pour des «relations sexuelles illégales» avec une mineure de 13 ans en 1977.

Peu après l'arrivée de Roman Polanski, des agents de sécurité privés ont pris le relais des policiers helvétiques en faction depuis le matin autour du chalet.

Un de ces agents est entré brièvement dans la villa et en est ressorti avec un message à l'intention des dizaines de journalistes agglutinés devant la clôture en bois entourant la propriété.

«M. Polanski et sa famille disent que ça ne sert à rien d'attendre, il ne sortira pas (de son chalet) de toutes les façons», a-t-il assuré.

Après des semaines de bataille avec la justice suisse, Roman Polanski a obtenu sa libération contre une caution de 3 millions d'euros.

Le Tribunal pénal fédéral, estimant le risque de fuite «élevé», a également exigé qu'il porte un bracelet électronique.

Un dispositif de surveillance électronique a été installé dans le chalet «de manière à garantir un contrôle permanent, une alarme se déclenchant en cas de tentative de fuite ou de retrait du bracelet électronique», a précisé vendredi le ministère de la Justice.

Mais Roman Polanski «s'est engagé à ne franchir à aucun moment les limites de sa propriété», a-t-il ajouté, prévenant: «s'il advenait que Roman Polanski ne respecte pas ses engagements, la caution reviendrait à la Confédération suisse».

Après plus de deux mois d'emprisonnement, l'arrivée à Gstaad devrait en tout état de cause être un soulagement pour le cinéaste, âgé de 76 ans, qu'on a dit très éprouvé par sa détention.

Il doit désormais y attendre la décision de Berne sur la demande d'extradition officielle reçue fin octobre des États-Unis.

Le ministère de la Justice dispose de plusieurs semaines pour prendre sa décision. Une fois celle-ci rendue, Roman Polanski aura lui-même 30 jours pour s'y opposer auprès du Tribunal pénal fédéral de Bellinzone (sud) et, en dernière instance, auprès du Tribunal fédéral de Lausanne.

La défense de Roman Polanski a d'ores et déjà prévenu que le cinéaste se battrait jusqu'au bout contre son extradition.

Les avocats ont également l'intention de réclamer la relaxe de leur client à l'occasion d'une audience en appel à Los Angeles, le 10 décembre, selon des sources judiciaires américaines.