Dans les illustrations de la série Noémie, de Gilles Tibo, l'héroïne est une brunette aux boucles courtes. Mais la petite fille qui crève l'écran, dans l'adaptation cinématographique des Noémie, est une pétillante châtaine nommée Camille Felton. Or, les jeunes fans des 19 tomes des Noémie retrouveront sur grand écran la même fillette curieuse qui cherche un trésor dans l'appartement de sa grande amie, Madame Lumbago. Des murs remplis de pièces d'or, un gentil fantôme et surtout, un secret mystérieux... Tout un programme pour la jolie Noémie!

Il était une fois Noémie, pimpante gamine de 7 ans et trois quarts, qui passait beaucoup, beaucoup de temps avec sa voisine, Madame Lumbago. Noémie est née il y a 15 ans, de la plume de Gilles Tibo, un illustrateur qui n'avait pas l'ambition de se convertir en prolifique auteur jeunesse. Quinze ans et dix-neuf tomes plus tard, les Noémie font partie de l'imaginaire des petits lecteurs québécois.

«Pour créer Noémie, je me suis inspiré de ma fille qui, à l'époque, avait 7 ans, et de sa copine qui avait le même âge. Ensemble, elles n'arrêtaient pas de parler! Ma fille avait une belle complicité avec sa grand-mère. Les deux dînaient souvent ensemble au resto, jasaient, se tenaient par la main... C'était beau!» confie cet auteur très prisé du jeune public.

Au cinéma, la jeune Camille Felton partage la vedette avec Rita Lafontaine, qui compose une Madame Lumbago chaleureuse et aimante, qui cuisine des petits plats et sait tendre l'oreille aux confidences de sa jeune amie.

«Quand on m'a proposé le rôle, j'ai été perplexe: j'avais en tête une femme un peu souffreteuse, avec des problèmes de lumbago! Mais je ne l'ai pas été longtemps: ce sont de beaux personnages et j'aime la chaleur qui se dégageait du projet», souligne Rita Lafontaine, qui s'est glissée dans les tabliers de «grand-maman gâteau» de Madame Lumbago.

Cela faisait un bon moment que le Québec n'avait pas eu de films pour enfants. Confiant de concurrencer au box-office les Disney et les Pixar, le producteur Christian Larouche a pressenti Frédéric D'Amours, réalisateur d'À vos marques, party!, pour porter à l'écran l'adaptation de Noémie : le secret, scénarisée par Marc Robitaille.

«Je n'avais aucune idée de ce qu'était Noémie, mais ma blonde m'a fait remarquer que nous avions déjà acheté ces livres à ma nièce nommée Noémie, explique Frédéric D'Amours. Sans trop d'attente, j'ai découvert le scénario de Marc Robitaille. Cela m'a interpellé: les dialogues étaient bien écrits, il y avait là une vivacité. Je voyais le potentiel cinématographique, chez cette petite fille imaginative et enjouée qui donne la répartie à Madame Lumbago.»

Parents absents, petite fille allumée!

Pour le cinéaste, le pari de Noémie était risqué, puisque le personnage de la fillette est présent dans presque toutes les scènes. De plus, il refusait d'être contraint à trouver des actrices qui ressemblaient aux illustrations de la série. «Je ne voulais pas être prisonnier des livres et être pris à choisir une petite fille aux cheveux noirs bouclés. Et il n'était pas question de faire porter une perruque blanche à Rita Lafontaine! J'ai eu un coup de coeur pour Camille, la première fois que je l'ai vue. J'ai aimé son côté spontané, son visage cinématographique, ses yeux pétillants.»

Dans la version filmique de Noémie : le secret, l'héroïne a une maman architecte très occupée, campée par Marina Orsini, et un papa maladroit et dans la lune, rendu par Paul Doucet. Des parents aimants, certes, mais pris dans le tourbillon de la vie, qui consacrent trop peu de temps à leur fillette.

Ces personnages, inexistants dans le récit de Gilles Tibo, sont nés de l'imaginaire du scénariste Marc Robitaille, qui a aussi pourvu la Noémie du film d'une grand-mère délinquante incarnée par Catherine Bégin.

«La fiction fonctionne de façon très mystérieuse. Dans le livre, cela ne pose pas de problème que les parents de Noémie soient inexistants. Mais au cinéma, je devais trouver un moyen de les faire vivre», dit Marc Robitaille, qui a créé un couple de professionnels montréalais très contemporains.

«On sent tout l'amour qu'ils ont pour leur fille, pour la vie de famille», observe la comédienne Marina Orsini, qui pense que les adultes seront autant interpellés que leurs enfants par ce récit d'une petite fille qui se fait souvent garder par la voisine. «Le film permet une prise de conscience, dit-elle, c'est certain que des gens vont se reconnaître.»

Fantômes, énigme et secrets

Raymond Bouchard, dans Noémie : le secret, incarne le défunt mari de Madame Lumbago, qui apparaît sous forme de souriant fantôme pour aider Noémie et son ami Francis (Nicolas Laliberté) à découvrir un trésor caché dans un appartement. Mais à l'issue de sa rocambolesque quête, Noémie découvrira un «trésor» qui la fera confronter une réalité nouvelle du monde des adultes.

Quinze ans après avoir écrit le premier tome des Noémie, Gilles Tibo est ravi de voir ses personnages prendre vie au grand écran. Une suite cinématographique à Noémie : le secret serait sur les rails.

«Quand mes personnages sont recréés par d'autres, dit-il, cela apporte une autre dimension et enrichit l'histoire. Et le cinéma m'a aussi nourri, pour l'écriture. Ainsi, je me suis servi de ce que j'ai vécu pendant le tournage dans le dernier épisode de la série des Noémie

De la plume à l'écran à la plume... Que la vraie Noémie se lève!

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