À la veille de l'ouverture de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague, deux documentaires montréalais sur l'environnement prennent l'affiche, Visionnaires planétaires de Sylvie Van Brabant et H2Oil de Shannon Walsh sur les sables bitumineux de l'Alberta. Le premier long métrage documentaire de Shannon Walsh, H2Oil, lève courageusement le voile sur l'industrie des sables bitumineux de l'Athabasca, une industrie dont on ne sait presque rien, même en Alberta. La loi du silence enfin brisée.

«Ça n'a pas été facile, avoue Shannon Walsh. J'ai dû me battre pour réaliser le film en cherchant des images pendant des années. Ironiquement, celles qui montrent l'étendue de la contamination proviennent de documents de promotion de l'industrie.»

Le film donne notamment la parole au premier médecin qui a osé soulever le fait que des membres de la communauté autochtone de Fort Chipewyan connaissent des taux anormalement élevés de rares formes de cancer; au jeune chef de ladite communauté, et à un couple qui possède une petite entreprise d'eau de source fragilisée par l'exploitation des sables bitumineux.

«Ce sont des amis, souligne la cinéaste. C'est grâce à eux que j'ai été mis en contact avec cette problématique qui m'a profondément choquée. Pour produire un baril de pétrole, quatre barils d'eau sont nécessaires à l'extraction. Cela pose un problème évident pour les eaux de surface et souterraine.»

À l'aide de séquences d'animation et de nombreux témoignages, le film démontre également les dommages causés à la forêt boréale albertaine où se trouvent les gisements de sable ainsi que certaines réalités politiques, comme le fait que le gouvernement albertain - même le ministère de l'Environnement - continue de défendre bec et ongles cette industrie, si importante finalement pour les Américains.

«C'est ça qui est le plus choquant à bien des égards, continue Shannon Walsh. Ce n'est ni l'Arabie Saoudite ni l'Irak qui représentent les principaux fournisseurs de pétrole pour les États-Unis, mais bien l'Alberta.»

Deux côtés de la médaille

H2Oil est un film qui défend donc une thèse socio-environnementale, mais qui le fait en accordant un droit de réplique à la partie adverse.

«C'était important de le faire, croit la cinéaste. Je veux réaliser des films qui peuvent amener des changements, faire une différence, mais je crois que les auditeurs sont assez intelligents pour se faire une idée en entendant toutes les parties impliquées.»

Shannon Walsh ne s'arrêtera pas là. Après tout, les échos déjà reçus à l'étranger au sujet de ce premier long métrage sont bons et posent la question qui lui importe le plus: «Qu'est-ce qui ne va pas au Canada?»

«J'ai la piqûre du cinéma, avoue cette diplômée en sociologie. Il y a encore beaucoup de questions à poser au sujet de notre société. J'ai plusieurs projets, dont l'un serait de revisiter les lieux montrés dans le film d'Hubert Aquin, À Saint-Henri le cinq septembre