Le tandem formé par Michel Côté et Louis-José Houde, les deux policiers du film De père en flic, prendra-t-il d'assaut les écrans de cinéma français? Le dernier mot reviendra aux cinéphiles de l'Hexagone, qui, après avoir assisté à la projection de l'oeuvre hier dans le cadre de Cinéma du Québec à Paris, semblaient avoir apprécié le spectacle.

Hier soir, 20 h 40. Forum des images. Malgré la pluie qui tombait à l'extérieur, plusieurs centaines de personnes faisaient la file pour entrer dans la grande salle de cinéma pouvant accueillir 500 spectateurs.

«Je voudrais vivre au Québec plus tard alors tout ce qui est québécois m'intéresse», expliquait la jeune Maurane, 15 ans, peu de temps avant d'entrer dans la salle.

«Avec les films québécois, je suis généralement agréablement surpris» ajoute pour sa part Bernard, tout en lisant, dans un petit guide remis à l'entrée, la note explicative du film.

Parmi cette foule, quelque 400 personnes étaient venues à l'invitation d'une société française qui a le mandat de tester le succès potentiel du film. C'est la productrice, Denise Robert qui, après avoir reçu plusieurs offres pour que le long métrage soit distribué en France, a décidé de faire subir à son film «l'examen du public français».

La foule réunie hier soir - un public de tous les âges - a été interpellée au cours des dernières semaines à la sortie de certaines salles de cinéma de la Ville lumière. L'objectif de cet exercice: permettre aux distributeurs présents dans la salle d'être témoins de la réaction à chaud du public.

Denise Robert et le réalisateur Émile Gaudreault ont même capté des images de la salle pendant la représentation pour ensuite envoyer un DVD aux représentants de l'industrie qui étaient absents. «Au départ, plusieurs distributeurs voulaient qu'on leur envoie une copie du film, mais nous, on voulait qu'ils se déplacent», a mentionné hier la productrice, au cours d'un cocktail précédant la présentation De père en flic.

Quelques instants avant le début du film, bien assise dans son siège, Bernadette Siavy, une spectatrice, avait hâte de voir le film et de retrouver le Québec où elle a vécu pendant huit ans.

Pendant la représentation, le public français a ri à peu près en même temps que les spectateurs québécois. Bien que le film ait été sous-titré, les spectateurs semblaient amusés par les expressions québécoises et les sacres à répétition de Michel Côté. Évidemment, certaines blagues relatives à l'émission Virginie ou à d'autres références typiquement québécoises sont «passées dans le beurre».

Lorsque le rideau est tombé, la plupart des cobayes sont restés assis sagement afin de répondre à deux questions que souhaitait leur poser Denise Robert. «Auriez-vous payé pour venir voir ce film?», a-t-on demandé. Plus des trois quarts des gens ont levé la main sans hésitation. Recommanderiez-vous ce film à vos amis? La réponse a été catégorique: tous les bras se sont levés. Certains ont voulu montrer leur enthousiasme en montrant les deux à la fois.

«J'ai trouvé ça très bien», a lancé spontanément Claire Bergua à la sortie. «Le propos n'est pas nouveau, mais il y a une fraîcheur dans les dialogues, a-t-elle ajouté alors que son copain hochait la tête. Il y a quelque chose de sincère, de naïf, ce que les comédies françaises n'ont plus.»

Et Bernadette qui cherchait son Québec? «Je trouve qu'il y a tout dans ce film: les émotions, l'action, les beaux paysages. Mais pour un Français qui n'a jamais fait un tour là-bas, ça peut être difficile de suivre», admet-elle.

Visiblement heureux de la réaction du public français, Denise Robert et Émile Gaudreault entreprendront des discussions au cours des prochaines semaines pour décider du sort des deux flics en terre française.