Le film Avatar, qui prendra l'affiche le 18 décembre prochain un peu partout dans le monde, pourrait être le premier d'une série de trois. C'est ce qu'a confié à La Presse son réalisateur, James Cameron. Vox populi, vox dei: ce sont toutefois les recettes engendrées par le premier qui décideront du sort des deux autres.

Cameron le reconnaît, Avatar est un pari risqué. Estimé à 300 millions de dollars - le réalisateur refuse de confirmer le chiffre exact - le budget d'Avatar dépasse largement les 200 millions investis dans Titanic, son précédent film de fiction.

«La décision de faire une trilogie dépendra si on fait de l'argent ou non et si on veut tous embarquer de nouveau dans l'aventure, a indiqué James Cameron lors d'une entrevue téléphonique accordée au moment où il mettait la touche finale à son film. Probablement qu'après un peu de vacances, nous serons prêts à y replonger.»

Le réalisateur originaire de l'Ontario ajoute que les scénarios des deux suites ne sont pas écrits, mais il sait exactement dans quelle direction il souhaite amener l'histoire. Les acteurs du film, Sam Worthington, Sigourney Weaver et Zoe Saldana, ont tous confirmés leur intérêt à participer aux futurs volets d'une éventuelle trilogie, dit Cameron.

Le réalisateur de Terminator, Aliens et The Abyss a attendu près de 14 ans avant de pouvoir mettre en images l'univers qu'il a entièrement créé: une planète à la végétation luxuriante peuplée de créatures bleues humanoïdes.

Les cinéphiles devront ainsi se familiariser avec un monde dont ils ignorent tout. Ils découvriront une nouvelle planète, Pandora, et ses créatures extraterrestres, les Na'vi, qui possèdent tout un langage verbal et non verbal pour lequel les acteurs ont dû être entraînés. Cameron a même fait appel au réputé linguiste américain Paul Frommer pour élaborer la langue na'vi et peaufiner l'accent de ceux qui la parlent.

Le film, d'une durée de 2 h 45, met en scène Jack Sully (Sam Worthington), un ancien marine devenu paraplégique qui, par son ADN spécial, a été choisi pour être envoyé sur Pandora dans le cadre du programme Avatar. Sa génétique particulière lui permettra de se glisser dans la peau d'un Na'vi pour devenir un avatar, un hybride d'humain et d'extraterrestre. Avec ce nouveau corps, Jack pourra respirer l'air de la planète, ce que ne peuvent faire les humains. Il retrouvera aussi l'usage de ses jambes.

L'ancien soldat rencontrera un peuple vivant en harmonie avec la nature et prêt à se battre pour ne pas abandonner ses ressources naturelles aux humains qui détruisent ses forêts pour mettre la main sur des minéraux. Jack tombera sous le charme de Neytiri (Zoe Saldana), une séduisante Na'vi.

Un défi technologique

James Cameron affirme qu'Avatar représente le plus important défi de sa carrière. La plus grande difficulté qu'il a rencontrée? Mettre au point une technologie permettant de mettre de l'émotion sur les visages de ses personnages générés par ordinateur.

«Nous avons pris la décision de ne pas utiliser de maquillage, mais d'utiliser plutôt l'imagerie par ordinateur, souligne-t-il. Nous avons vu beaucoup de personnages extraterrestres faits avec du maquillage au cours de 40 ou 50 dernières années. Nous voulions le faire d'une manière différente.»

Cameron et son équipe poussent donc encore plus loin la technologie utilisée par Peter Jackson pour le Gollum du Seigneur des anneaux. Ils ont mis en place un système de caméras permettant de capter l'émotion sur le visage des acteurs et de voir immédiatement le résultat sur celui des personnages animés par ordinateur.

Les attentes face à Avatar sont très grandes, tant chez les cinéphiles que chez les membres de l'industrie cinématographique. Pour certains, Avatar représente le début d'une nouvelle ère pour le cinéma en 3D.

«Je ne pense pas qu'Avatar marquera une année zéro, mais plutôt l'an deux ou trois, remarque James Cameron. Beaucoup de films en 3D sont sortis au cours des deux ou trois dernières années et ils ont très bien réussi sur le marché. Mais Avatar est un film d'action et aussi un film dramatique. Ce n'est pas un petit film d'horreur, ce n'est pas un film musical et ce n'est pas un film d'animation. C'est un film dramatique grand public et c'est en 3D. Si c'est accepté, la 3D pourrait être utilisée dans une plus large gamme de films que dans le passé.»

Est-ce qu'Avatar accélérera la conversion des salles de cinéma en 3D? «Il l'a déjà fait», répond James Cameron, en précisant que plusieurs exploitants de cinémas ont converti leurs salles pour accueillir le film, dont des extraits d'une durée de 16 minutes ont été montrés en août dernier dans plusieurs villes du monde, notamment à Montréal.

2D ou 3D?

Voir le film en 2D ou en 3D? La décision devrait s'imposer d'elle-même pour ceux qui auront accès à la version trois dimensions. «Oui, c'est mieux de voir le film en 3D, conseille James Cameron. C'est plus immersif. Mais, ça demeure un choix de consommateur. Nous nous devions de faire un bon film en 2D. La 3D est une valeur ajoutée.»

Bien que l'avancée technologique proposée par Avatar ait jusqu'à maintenant occupé le haut du pavé dans les médias, James Cameron croit que, comme pour tout autre film, le public retiendra avant tout l'histoire.

«Bien sûr, le public réalisera qu'il est devant quelque chose d'exceptionnel. Comme quand il a vu pour la première fois Terminator ou Jurassic Park. Mais, je ne pense pas que les gens se soucient de la façon dont le film est fait mais plutôt de la manière dont l'histoire les touche.»

Le film traite de la relation de l'homme avec la nature et de l'impact de l'évolution technologique sur celle-ci.

«Nous croyons que la Terre est là pour nous et que nous pouvons l'utiliser avec comme bon nous semble, sans prendre aucune responsabilité, déplore-t-il. Cette façon de faire a fonctionné lors des 10 000 dernières années, mais ça ne va plus marcher. Nous devons commencer à prendre nos responsabilités ou nous allons en payer les conséquences. On ne voit pas la Terre dans le film. Mais, on en entend parler et ça n'a pas l'air d'être un très bel endroit.»

Pour permettre au public de se familiariser avec l'univers d'Avatar, un jeu vidéo conçu parallèlement au film a été lancé le 1er décembre. Il a été créé dans les studios montréalais d'Ubisoft, en collaboration avec l'équipe de Cameron. Certains éléments créés pour le jeu ont notamment été intégrés au film. Le jeu est lui aussi disponible en version traditionnelle 2D et en 3D.

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Avatar prend l'affiche le 18 décembre en version traditionnelle 2D et en 3D, en anglais et en français.