Les avocats américains de Roman Polanski ont demandé mercredi devant la justice californienne une condamnation par contumace du cinéaste franco-polonais, actuellement assigné en résidence en Suisse sur mandat d'arrêt américain pour une affaire de moeurs vieille de plus de 30 ans.
   
Le juge Peter Espinoza, de la Cour supérieure de Los Angeles, rendra sa décision lors d'une audience le 22 janvier prochain. S'il accédait à la demande des avocats du cinéaste, ce dernier pourrait être jugé sans être présent à la cour.
   
Cependant, dans les nombreux jugements rendus ces derniers mois dans le cadre de ce long feuilleton judiciaire, le juge Espinoza et l'accusation ont toujours fait de la présence de Roman Polanski devant la cour le préalable à toute décision sur le fond.
   
Roman Polanski, 76 ans, a été arrêté le 26 septembre en Suisse sur mandat d'arrêt américain. Après plus de deux mois derrière les barreaux, il a été assigné à résidence dans son chalet de Gstaad, dans l'attente d'une éventuelle extradition.
   
Le réalisateur du Pianiste s'était enfui des États-Unis en 1978, avant le prononcé de sa sentence, pour «relations sexuelles illégales» avec une mineure de 13 ans. Il n'a jamais remis les pieds aux États-Unis depuis.
   
En décembre dernier, une cour d'appel californienne avait rejeté la demande d'abandon des poursuites déposée quelques semaines plus tôt par les avocats du cinéaste, qui dénonçaient de graves erreurs de procédure au moment des faits.
   
Le tribunal avait néanmoins appelé à «une enquête rapide» sur les allégations de faute de procédure.
   
Mercredi, le juge Espinoza a insisté sur le fait que la décision de la cour d'appel était «une suggestion et non un ordre» et s'est montré visiblement irrité par l'affirmation de Chad Hummel, un avocat de Roman Polanski, selon laquelle cette décision «avant changé» la donne.
   
Le procureur adjoint David Walgren a pour sa part affirmé que l'accusation n'avait rien à cacher et qu'elle pouvait débattre de tout, «mais pas selon le bon vouloir de M. Polanski, confortablement installé dans son chalet suisse».
   
«S'il veut accélérer la procédure, il peut renoncer à attendre l'extradition et venir ici (tout de suite). Pour nous, ce n'est pas à un fugitif de dicter la procédure», a-t-il ajouté.
   
En mars 1977, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans, et déjà réalisateur mondialement reconnu, avait eu une relation sexuelle avec une mineure de 13 ans, en marge d'une séance de photographie chez l'acteur Jack Nicholson.
   
Quelques semaines plus tard, au cours de son procès pour viol, à la suite d'une plainte des parents de l'adolescente, M. Polanski avait plaidé non coupable avant de changer de stratégie et de reconnaître le détournement de mineure.
   
Mais le cinéaste s'était finalement enfui des États-Unis avant le prononcé de sa sentence, craignant d'être lourdement condamné en dépit de ses aveux. Il n'est jamais retourné aux États-Unis depuis.