Voici quelques réactions au décès d'Éric Rohmer.

-Nicolas Sarkozy, président de la République:


Saluant «la mémoire» d'Éric Rohmer, Nicolas Sarkozy a rendu «hommage au talent et à la vérité d'un grand auteur qui continuera longtemps à nous parler et à nous inspirer».

«Classique et romantique, sage et iconoclaste, léger et grave, sentimental et moraliste, il a créé le style 'rohmérien', qui lui survivra», a affirmé le président de la République.

- Frédéric Mitterrand, ministre français de la Culture et de la Communication:

Disant avoir appris «avec une grande émotion la disparition d'Éric Rohmer», Frédéric Mitterrand a salué la disparition de «l'un des plus grands auteurs du cinéma français».

«Homme discret, esprit indépendant et exigeant, rigoureux et généreux, il a su se frayer dans le paysage cinématographique un chemin à la fois très personnel, très original et capable d'attirer à lui un vaste public de cinéphiles et d'amateurs», a-t-il souligné.

«La ligne de crête que suivait Éric Rohmer l'a conduit à une réussite esthétique exceptionnelle: il a su être à la fois un homme de cinéma complet et, en même temps, une réminiscence parfaitement incarnée de la grande tradition littéraire des analystes du coeur, les Musset, les Marivaux et les moralistes classiques auxquels il a été souvent, et à juste titre, associé», a-t-il ajouté.

- Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française:

«Sa mort est une perte importante», a-t-il souligné sur i-télé. «Connu dans le monde entier, (Rohmer) avait construit son indépendance sur une idée du cinéma.» «Tout cela, il l'a fait patiemment avec beaucoup d'élégance et l'amour de la langue française», «ses dialogues peuvent se lire indépendamment des films tellement ils sont écrits comme des pièces de théâtre du XVIIIe siècle», a-t-il ajouté.

«Éric Rohmer a une oeuvre très importante qui couvre 60 ans de cinéma. (...) C'est quelqu'un qui compte dans le cinéma français depuis la Nouvelle Vague», a-t-il précisé sur France Info.

«Il avait une oeuvre très cohérente. C'est ça qui m'a toujours frappé dans l'oeuvre de Rohmer, c'est sa cohérence romanesque. Il travaillait souvent par cycles et ses films se répondaient. Il y avait une dimension très émouvante dans son cinéma.» «Moi, j'avais beaucoup d'admiration pour lui.»

- Arielle Dombasle, actrice:

«Je l'ai vu samedi, je suis allée à la Salpétrière et j'étais tellement bouleversée parce que je suis entrée dans la chambre de réanimation», a-t-elle expliqué à Europe 1.

«Il était sorti du coma, et nous avons pu nous parler par un petit papier interposé. Je lui ai dit: «Éric, tu sais, il neige et nous allons sortir de cet hôpital mais dès que tu auras repris quelques forces» et il m'a répondu sur un petit papier 'dès que j'aurai retrouvé ces forces, que j'ai'». «Je trouvais ça tellement extraordinaire et je lui ai dit «je t'aime infiniment' et il m'a écrit 'merci'.»

Pour l'actrice, Rohmer laisse «l'image du grand personnage du siècle des Lumières. C'était quelqu'un qui m'a fait lire pour la première fois Marivaux, qui m'a montré ce qu'était la beauté classique des textes, qui m'a fait comprendre ce qu'était le cinéma, l'écriture cinématographique, l'écriture de vrais auteurs, qui (...) m'a fait découvrir le cinéma.»

- Fabrice Luchini, acteur:

«Je lui dois absolument tout. Si j'ai même une situation pas trop mauvaise, c'est uniquement grâce à lui», a déclaré sur BFM l'acteur, qui avait joué dans plusieurs films d'Éric Rohmer, notamment dans Le genou de Claire. «Rohmer, moi, il m'a connu j'avais vingt ans. Pour les gens, Rohmer, c'était le pape, c'était Godard, c'était tout. Il a ouvert sa porte. Moi, les gens ne voulaient pas me prendre», a-t-il déclaré.

«Le génie de Rohmer, c'est d'érotiser le dialogue. C'est un homme de littérature qui a pensé que la littérature ne s'opposait pas au cinéma», a-t-il ajouté. «Il est totalement pas snob. Il est totalement libre. Il est totalement impressionné par la littérature, il est extrêmement cultivé. Il a inventé un cinéma.»

- Pascal Gréggory, acteur:

«C'était une sorte de père spirituel», a-t-il déclaré à France Info. «C'était un homme libre avant tout, qui avait créé une aventure cinématographique unique au monde». Il avait aussi «un grand sens littéraire, de l'écriture», c'était un «homme passionné de littérature».

«Il n'a jamais fait de concessions dans le monde du cinéma. Il avait créé sa propre maison de production qui lui servait finalement à monter ses films», «il avait une immense liberté». «C'était quelqu'un d'assez marginal, dans la marge». Cet «homme de grand savoir, de grande conviction (avait) travaillé, créé les Cahiers du cinéma».

- Pierre Arditi, acteur:

Rohmer «a un univers extrêmement personnel», il «a créé une sorte d'univers qui est incomparable, qui fait partie de l'histoire du cinéma», a-t-il dit sur France Info, qualifiant les films du cinéaste de «grands classiques de l'âme humaine».

«Rohmer était un cousin éloigné de Marivaux, avec ce que Marivaux peut contenir de cruauté...», a-t-il observé.

«Quand il a eu envie de tourner, il a tourné. Peu importe les moyens qu'il avait.»

- Jean-Michel Frodon, ancien directeur de la rédaction des Cahiers du cinéma:


«Éric Rohmer, d'abord, est un cinéaste à succès. On a longtemps dit que c'était le cinéaste français le plus profitable», a-t-il observé sur France Info. «C'est quelqu'un qui, globalement, aura eu du succès.»

«Il bénéficiait d'un grand respect, c'était quelqu'un qui se tenait à l'écart des mondanités», il «avait conquis par la rigueur et la fécondité de toute son oeuvre (..) une espèce de respect».

«Auteur complet de ses films», Rohmer se distinguait par une «originalité du ton» et une «forme d'élégance». À propos de son style, Jean-Michel Frodon a évoqué «une idée très élaborée dans la construction du film qui se traduisait dans une forme très légère».

- Jack Lang, ancien ministre français de la Culture:

Faisant part de son «immense tristesse», il a estimé qu'Éric Rohmer était «l'un des maîtres du cinéma français. Son écriture et ses créations» étaient «placées sous le signe de l'exigence et de la rigueur», a-t-il souligné dans un communiqué.

Éric Rohmer «aura été l'homme de toutes les découvertes: un art cinématographique à nul autre pareil, la révélation d'acteurs encore inconnus, la prospection d'univers philosophiques et esthétiques insoupçonnés. Son oeuvre dominera l'histoire cinématographique française par sa stature originale et révolutionnaire», a-t-il ajouté.