La mise en place d'un jury de 18 professionnels chargé de nommer les finalistes aux prix Jutra, dès cette année, suscite des réactions mitigées. Annoncée mercredi, cette réforme majeure dans les nominations des prétendants aux «Oscars du cinéma québécois» ne fait pas l'unanimité.

«Je suis très déçu», explique Roger Frappier, producteur, entre autres, de Borderline et de Dédé à travers les brumes. Je trouvais que le système fonctionnait très bien et que le milieu a cédé à la campagne menée par quelques critiques et une productrice l'an dernier», dit-il.

L'organisation des Jutra avait en effet essuyé quelques critiques l'an dernier lorsque La Presse avait révélé que les mises en nomination d'un jury fantôme, mis en place par l'organisation des Jutra, différaient de celles choisies par les membres des associations professionnelles. L'absence de Tout est parfait dans la catégorie du prix Jutra du meilleur film avait aussi soulevé des interrogations.

»Trop d'insatisfaction»

«Il y avait trop d'insatisfaction, explique Danielle Proulx, la présidente de la Soirée des Jutra. Pour moi, c'était inconcevable que François Papineau (le héros de Papa à la chasse aux lagopèdes, de Robert Morin) ne soit pas présent parmi les finalistes au Jutra du meilleur acteur.»

L'organisation de la Soirée des Jutra espère que la mise en place d'un jury laissera également plus de visibilité aux films d'auteur, aux films auto-produits ou aux films qui n'ont pas bénéficié d'une large sortie. «On essaie vraiment de trouver un équilibre pour reconnaître les films d'auteur», poursuit Danielle Proulx.

Autre changement cette année: il n'y aura plus quatre, mais cinq nominations par catégorie. «Quand les Jutra ont commencé, on produisait la moitié moins de films. Il y a eu une grogne l'an dernier, c'est rassurant de penser aussi qu'il y a plus de quatre finalistes par catégorie», estime Mme Proulx.

«Comme productrice, je suis très contente des changements. Cela va donner une chance égale aux films, car ils auront tous été vus par les jurés», estime Nicole Robert, la productrice de Tout est parfait et des Sept jours du Talion.

Les Jutra annonceront dans les prochaines semaines qui seront les personnalités choisies pour figurer parmi le jury. Ce nouveau mode de nomination donnera-t-il une différente couleur aux Jutra? «La popularité d'un film ne veut pas dire qu'il est forcément mauvais ou forcément bon. Le vote final n'a pas changé et je suis certaine que des films comme De père en flic se retrouveront là-dedans», croit Danielle Proulx.