Le réalisateur américain Tim Burton sera le président du jury du 63e Festival de Cannes. Le président Gilles Jacob et le délégué général Thierry Frémaux en ont fait l’annonce tard lundi soir. Le réalisateur d’Edward Scissorhands succède ainsi à la comédienne Isabelle Huppert. Son jury avait attribué la Palme d’or au film de Michael Haneke Le ruban blanc.

«C’est la première fois qu’un créateur venu de l’animation préside le jury du Festival de Cannes, a précisé Gilles Jacob. Cinéaste au cœur d’or et aux mains d’argent, Tim Burton est avant tout un poète. Un prestidigitateur au délire visuel dont l’écran devient féerie. Que sa douce folie et son humour gothique envahissent la Croisette et ce sera Noël pour tout le monde. Noël et Halloween!»

> Réagissez sur le blogue de Marc-André Lussier

Reconnu et apprécié comme cinéaste depuis plus de 20 ans (Beetlejuice l’a imposé sur la scène internationale en 1988), Tim Burton est aussi illustrateur, peintre et photographe. Le MoMA de New York l’a d’ailleurs consacré comme artiste et présente jusqu’à la fin avril une exposition de ses œuvres. Son nouveau film, Alice in Wonderland (en salle le 5 mars), est une adaptation en 3D du célèbre conte de Lewis Carroll.

Étrangement, Tim Burton n’a pas eu souvent l’occasion de se faire valoir au plus prestigieux festival de cinéma du monde. Des 14 longs métrages réalisés jusqu’à maintenant, seul Ed Wood, en 1994, a fait l’objet d’une sélection en compétition officielle.

«Après avoir passé mes jeunes années à voir des triples programmes et à faire des marathons de 48 heures de films d’horreur, je me sens prêt pour Cannes, a déclaré le cinéaste. C’est un grand honneur et je suis très impatient de me retrouver avec mes camarades jurés pour voir de beaux films venus du monde entier. Puisque j’ai toujours vécu les films comme des rêves, je vais vivre un rêve.»

Il sera intéressant de voir l’approche qu’empruntera un créateur aussi singulier à titre de président d’un jury. Ce dernier ne connaît pas encore l’identité de ceux qui l’appuieront dans sa tâche. Des présidents aux personnalités plus flamboyantes peuvent parfois surprendre et décider de célébrer un cinéma qui n’a rien à voir avec le leur.

En 2002, le jury présidé par David Lynch a octroyé la Palme d’or à The Pianist de Roman Polanski. En 2004, Quentin Tarantino a annoncé l’attribution de la récompense suprême à Michael Moore et à son Fahrenheit 9/11.

L’année suivante, le très baroque Emir Kusturica a remis la palme aux très austères frères Dardenne pour L’enfant.

Il faudra par ailleurs attendre jusqu’à la mi-avril pour connaître les détails de la programmation cannoise. Nul ne peut encore spéculer sur la présence du cinéma québécois sur la Croisette. Les producteurs d’Incendies, le drame qu’a tiré Denis Villeneuve de la pièce de Wajdi Mouawad, ne cachent pas leur intention de soumettre le film aux comités de programmation du Festival.

Les sélectionneurs jetteront très certainement aussi un œil intéressé sur Les amours imaginaires, le nouveau film de Xavier Dolan qui avait créé l’événement l’an dernier à la Quinzaine des réalisateurs grâce à J’ai tué ma mère.

Le 63e Festival de Cannes aura lieu du 12 au 23 mai.