La Suisse ne statuera pas sur l'extradition du cinéaste franco-polonais Roman Polanski, accusé de «relations sexuelles illégales» avec une mineure, avant une décision définitive de la justice américaine sur le jugement par contumace, a annoncé vendredi le gouvernement.

«On va attendre le moment où cette décision sera tombée aux États-Unis», a déclaré à l'AFP Guido Balmer, porte-parole du Département fédéral (ministère) de la Justice.

M. Polanski a jusqu'au 24 mars pour faire appel de la décision d'un juge de Los Angeles, qui a rejeté le 22 janvier une requête de ses avocats demandant à ce qu'il soit jugé par contumace, selon un fonctionnaire du ministère cité par l'agence suisse ATS.

Ses avocats avaient immédiatement annoncé qu'ils allaient faire appel. Une fois cet appel interjeté, il devra être examiné par un magistrat qui statuera ensuite.

Le réalisateur du Pianiste avait été arrêté le 26 septembre 2009 à son arrivée à Zurich sur mandat d'arrêt américain pour des «relations sexuelles illégales» avec une adolescente de 13 ans en 1977.

Emprisonné pendant plus de deux mois, il avait été libéré le 4 décembre 2009 après le paiement d'une caution de trois millions d'euros et assigné à résidence dans son chalet de Gstaad, une station huppée des Alpes suisses, dans l'attente d'une éventuelle extradition.

Roman Polanski, qui avait reconnu le détournement de mineure après une plainte des parents de la jeune fille, s'était enfui des États-Unis en 1978 avant que la sentence ne soit prononcée. Il n'y est plus jamais retourné depuis.

«J'ai clairement dit qu'il devait se rendre», avait insisté le juge américain Peter Spinoza, qui avait estimé «défendre le système judiciaire» en donnant raison à l'accusation, fortement opposée à un procès en l'absence de l'accusé.

Si la Suisse décidait d'extrader M. Polanski vers les États-Unis, celui-ci pourrait déposer plusieurs recours devant la justice helvétique, avait prévenu en janvier la ministre suisse de la Justice Eveline Widmer-Schlumpf.

«En cas de recours, la procédure d'extradition pourrait encore se prolonger un moment. Difficile de dire combien de temps, mais cela pourrait aller de quelques mois à un an, comme cela s'est déjà vu», avait-elle estimé dans le journal suisse Le Matin.