Dévaliser les banques comme on court un marathon telle est la vie de Johann, sportif de haut niveau et délinquant, héros du film Le braqueur tiré d'une histoire vraie et en compétition lundi à la Berlinale.

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Signé par le jeune Autrichien Benjamin Heisenberg, 35 ans, c'est le huitième des vingt longs métrages en lice pour les Ours d'or et d'argent décernés le 20 février, à être dévoilé au Festival international du film de Berlin.

??ce stade, les films du Franco-polonais Roman Polanski, du Danois Thomas Vinterberg et du Roumain Florin Serban ont été les plus appréciés.

Adapté du roman L'envolée belle de Martin Prinz, lui-même inspiré de faits réels qui ont défrayé la chronique en Autriche à la fin des années 1980, Le braqueur suit Johann Rettenberger, un voleur alors surnommé «Pumpgun Ronnie» car il enfilait un masque aux traits de Ronald Reagan.

Après six ans de prison, Johann (Andreas Lust) est libéré et troque son tapis de course pour les rues de Vienne et les sentiers en forêt.

Grand sportif, obstinément solitaire et silencieux, souvent à cran, il s'entraîne assidûment pour le marathon de la ville... mais pas seulement.

Car certains jours, le même Johann revêt un masque de caoutchouc, force une voiture et fonce vers la première banque venue, qu'il dévalise avant de filer dans les bois à grandes foulées, son butin dans un sac de sport.

Fidèle au roman, le film de Benjamin Heisenberg délaisse toute psychologie pour s'attacher à l'inexorable course dans laquelle se jette le protagoniste, aussi perfectionniste dans le crime que dans son sport.

«Cet homme est un phénomène qui porte en lui une énergie, une force qui le fait courir. Son but c'est le chemin parcouru, il ne se sent vivre que quand il subit une énorme pression. Le butin, il le cache sous son lit, il n'en profite pas», a déclaré le réalisateur lors d'une conférence de presse.

«Ce n'est ni un drame social ni une étude psychologique, nous n'avons pas recherché de traumatismes dans son enfance», a-t-il dit.

Filmé en cinémascope qui permet d'embrasser de vastes paysages, la fuite éperdue de Johann est évoquée au fil de longs travellings très fluides dans les champs et la forêt. Avec une ligne dramatique sans temps morts, le film procure une montée d'adrénaline semblable à celle ressentie par le héros.

Benjamin Heisenberg - sélectionné à Un certain regard du Festival de Cannes en 2005 avec son premier long métrage Der Schläfer - ménage d'intrigantes zones d'ombres dans la vie de son héros.

Le braqueur doit beaucoup au jeu sobre, intense et tout en finesse d'Andreas Lust, qui confère à son personnage une crédibilité immédiate et une multitude d'émotions, malgré la rareté des dialogues.

Venu en 2008 avec United Red Army à la Berlinale dans la section Forum, le Japonais Koji Wakamatsu, prolifique auteur underground de 73 ans qui a cosigné et produit L'empire des sens d'Oshima, a de son côté dévoilé Caterpillar, en compétition.

Il relate, pendant la Seconde Guerre mondiale, le retour d'un soldat japonais (Shima Ohnishi) très mutilé dans son village.

Privé de bras et de jambes, défiguré, sourd et muet, ce héros de guerre décoré par l'Empereur exige de sa femme (Shinobu Terajima) soins constants et faveurs sexuelles.

Bien que révéré par les patriotes, Kyuzo s'avère avoir été un mari violent et un soldat criminel qui a commis des viols en Chine.

Larmoyant, chargé d'effets visuels assez ratés et de rappels historiques maladroits, Caterpillar sombre vite dans le misérabilisme.