Sa présence en impose tellement qu'on pourrait dire de lui qu'il est un monstre de jeu. Niels Arestrup retrouve Jacques Audiard pour une deuxième - et probablement dernière - fois.

 

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Au départ, Jacques Audiard ne prévoyait même pas offrir à Niels Arestrup le rôle de César, le chef du clan des Corses qui prendra sous son aile le jeune Malik.

Les deux hommes s'étaient appréciés mutuellement sur le plateau de De battre mon coeur s'est arrêté, mais le cinéaste avait une autre idée en tête.

«Un jour, Jacques me téléphone et me demande si je connais des acteurs corses, raconte l'acteur au cours d'une interview accordée récemment à Paris. Comme j'étais incapable de lui suggérer des noms, il m'a demandé si, éventuellement, j'accepterais de lire son scénario. J'ai prié tous les jours pour qu'il ne trouve pas d'autre acteur!»

Des rôles de cette qualité ne se pointent pas fréquemment. De surcroît, Arestrup avait le sentiment que l'occasion de retravailler avec Jacques Audiard ne surviendrait plus très souvent.

«À vrai dire, j'ai déjà presque fait mon deuil de cette collaboration, explique l'acteur. Si jamais nous devions faire un troisième film ensemble, je le prendrais comme un cadeau. Mais je ne crois pas. Jacques a besoin de changement, de travailler avec d'autres comédiens, d'autres équipes. S'il n'y a pas cet élément de renouveau, son intérêt n'est pas aussi vif.»

Le cinéaste réfute presque la notion de «direction d'acteurs», mais Niels Arestrup insiste.

«Nous avons eu beaucoup d'échanges là-dessus, rappelle-t-il. Qu'il le veuille ou non, Jacques est un grand directeur d'acteurs car c'est exactement ce qu'il fait: il indique la direction. Il sait où il veut aller et il entraîne les acteurs vers ce point. Je le vois conne un sculpteur.

«Il ouvre aussi plein de fenêtres car il aime être surpris, poursuit-il. Par exemple, il fallait selon lui que le spectateur ne sache jamais si César allait frapper, embrasser, dormir ou partir. Et lui-même ne voulait pas le savoir non plus. Pour un acteur, jouir d'une telle liberté est un privilège.»