Un drame se trame à Saint-Hyacinthe... En fait, un drame se tourne: La vérité, deuxième long métrage de Marc Bisaillon après La lâcheté, plonge dans les tourments de deux jeunes ados tout à fait normaux, qui doivent vivre avec un crime sur la conscience.

De toute évidence, Marc Bisaillon est allumé par les faits divers, petites fenêtres ouvertes sur la complexité humaine. Son premier film est né de l'histoire vraie d'un kidnapping qui a mal tourné; celui qu'il est en train de tourner s'inspire aussi d'un homicide commis par deux adolescents un soir de fête.

Enfin, il compte bien mener jusqu'au bout son troisième long métrage - versant ainsi dans la trilogie - en se basant sur l'étrange histoire de Stephen Marshall, ce jeune homme de la Nouvelle-Écosse qui avait défrayé la chronique en assassinant des prédateurs sexuels fichés dans les registres du Maine. «Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il y a derrière les faits divers, derrière les entrefilets dans les journaux, explique-t-il.

Étonnant parcours que celui de Marc Bisaillon qui, s'il a toujours été un passionné de cinéma, a fait un détour par le monde musical, puisqu'il a été le chanteur du groupe 3/4 Putains de 1988 à 2003, et qu'il a aussi fondé le groupe Léopold Z - le nom est un hommage à Gilles Carle. «À 18 ans, je voulais être une rock star...» Son verdict? «C'est bien plus facile de faire des shows que de faire des films!»

Adepte du réalisme dans le style, il a découvert un potentiel cinématographique à sa ville de Saint-Hyacinthe, et aime camper ses histoires dans la classe moyenne, chez les gens ordinaires. Gabriel et Yves sont deux adolescents comme les autres, jusqu'à ce qu'une gaffe de jeunesse vienne tout compromettre.

Un film policier

Le rêve de Marc Bisaillon serait de réaliser éventuellement un «vrai» film policier. «Au Québec, on fait des comédies policières, des films d'action, mais pas de films policiers, comme Zodiac de David Fincher, par exemple, où l'on voit leur travail au quotidien. Pour être policier, il faut presque être écrivain, puisque 50 % de leur job est d'écrire, souligne le réalisateur qui a parcouru beaucoup de dossiers de la police pour écrire ses scénarios.

On verra certainement un peu ce réalisme dans La vérité, puisque Geneviève Rioux y incarne Caroline, une mère de famille monoparentale policière, dont l'univers basculera complètement.

«Mon personnage a deux grandes fiertés dans la vie: sa carrière et son fils, dit-elle. Et tout ça va être sérieusement ébranlé.» Il s'agit de sa deuxième collaboration avec Marc Bisaillon, car elle était de la distribution de La lâcheté - il lui a proposé ce rôle sur le plateau du premier film. Elle a donc suivi tout le processus de financement, allant même jusqu'à Téléfilm Canada pour défendre le projet.

Son fils Gabriel est joué par Pierre-Luc Lafontaine, celui qu'on a notamment découvert en ado bouleversant dans La galère et qu'on vient de voir dans 5150 rue des Ormes. Il est heureux de s'éloigner de ce registre pour en explorer un autre.

«Gabriel est un garçon extraverti, qui a sûrement un bel avenir devant lui... mais il devra vivre avec les conséquences d'un meurtre. C'est un rôle qui a changé ma façon de jouer. J'ai refusé de faire le Conservatoire pour ce film-là, qui sera mon école.»

Yves, son meilleur ami - et complice dans le crime, à ce qu'on comprend - est incarné par Émile Mailhiot (Le monde de Charlotte, Ramdam, Yamaska), tandis que Juliette Gosselin (Nouvelle-France, Histoire de famille, Délivrez-moi) apporte la touche romantique dans le rôle de Lydia, premier amour de Gabriel.

Sinon, diriger des adolescents plaît fort à Marc Bisaillon: «Ils sont incroyables, meilleurs que dans mon scénario!»

La vérité, doté d'un budget de 1,7 million de dollars, devrait sortir sur les écrans québécois à l'hiver 2011.