La carrière quelque peu inégale de Sandra Bullock pourrait valoir à l'actrice l'insolite «exploit» de gagner le même week-end l'Oscar très convoité de la meilleur actrice, et le beaucoup moins recommandable «Razzie» pour la pire interprétation de l'année.

Car si personne n'ignore que l'actrice de 45 ans est favorite pour son rôle dans The Blind Side, on parle moins de sa nomination aux «Framboises d'or» (les «Razzies», en anglais), qui récompensent chaque année le pire du cinéma américain.

Et si sa nomination à l'Oscar est la première en plus de vingt ans de carrière, Sandra Bullock peut se «vanter» de quatre sélections aux Framboises d'Or, depuis leur création en 1980.

La première remonte à 1993, pour le pire second rôle, dans un film futuriste avec Sylvester Stallone, Demolition Man, que le magazine Rolling Stone qualifiait d'«aussi lisse et vide que brutal et vain».

En 1997, c'est pour Speed 2 qu'elle avait été sélectionnée, dans les catégories de pire actrice et pire couple - formé avec l'acteur Jason Patric. La suite de Speed, sans Keanu Reeves, avait inspiré à un critique ce conseil: «Faites-vous plaisir, allez plutôt voir un film».

Aussi mauvais soient-ils, ces rôles ne lui avaient pourtant pas permis de rentrer chez elle avec le fameux trophée, une framboise de la taille d'une balle de golf, peinte en jaune doré et posée sur une bobine de film Super 8.

Mais cette année, l'actrice semble très bien placée pour enfin décrocher la récompense la moins convoitée d'Hollywood, pour son rôle de conceptrice de mots croisés poursuivant de ses assiduités un malheureux cameraman dans la comédie romantique All about Steve, qu'elle a également produite.

Le film, qui a quand même récolté 34 millions de dollars en Amérique du Nord, a suscité une belle unanimité parmi les critiques, les plus bienveillants estimant que «tout pouvait être amélioré dans ce film, pour peu qu'on change le scénariste, les personnages et l'histoire».

Alors que la majeure partie des artistes préfèrent jeter un voile pudique sur leur sélection aux «Razzies», Sandra Bullock, réputée pour son humour, a affirmé qu'elle se rendrait à la cérémonie, qui se tiendra samedi soir à Hollywood, la veille des Oscars.

Si elle gagne, elle serait la première star à venir récupérer sa Framboise en main propre depuis Halle Berry, distinguée en 2005 pour sa performance dans Catwoman.

«Je suis plus à l'aise avec les critiques qu'avec les compliments, car j'y suis davantage habituée. Les Razzies sont un grand honneur», avait-elle déclaré au magazine Entertainment Weekly, à l'annonce de sa nomination.

C'est en partie cette sincérité, qui la rend très populaire à Hollywood, qui pourrait lui valoir aussi l'Oscar.

Elle part archi-favorite pour son rôle de femme à poigne dans The Blind Side, face à des pointures comme Meryl Streep et Helen Mirren.

La statuette récompenserait le versant sérieux de l'actrice, qui s'exprimait notamment dans Crash de Paul Haggis - Oscar du meilleur film en 2006 -, où elle interprétait une femme au foyer aisée, pétrie de préjugés raciaux.

Elle distinguerait aussi une comédienne devenue une valeur sûre d'Hollywood, qui sort d'une brillante année au box-office: The Proposal, une comédie romantique avec Ryan Reynolds, a récolté 314 millions de dollars dans le monde, et The Blind Side 247 millions, rien qu'en Amérique du Nord.