Sébastien Pilote vient de terminer le tournage de son premier long métrage, Le vendeur. Le réalisateur, qui a fait ses armes en télévision et en court métrage, a planté le décor de son film au Saguenay, d'où il est originaire et où il vit, dans un contexte social défavorisé et, espérait-il, d'hiver québécois.

L'hiver ayant été clément même au Saguenay, Sébastien Pilote a finalement dû compter sur la solidarité des habitants de la petite ville où il tournait Le vendeur.

«Les gens de la ville nous amenaient de la neige sur le plateau», s'amuse-t-il. Deux tempêtes ont également fourni quelques beaux plans au réalisateur.

Le vendeur, dont le tournage a été entamé à la fin du mois de janvier, se concentre sur le destin d'un modeste vendeur de voitures joué par Gilbert Sicotte. «C'est un vieux vendeur, à la fin de sa carrière, qui vit un drame personnel. Il continue à travailler malgré tout, mais il se remet en question en raison du côté aliénant de son travail», explique Sébastien Pilote.

Comme pour Dust Bowl Ha! Ha!, le court métrage qui l'avait amené à rencontrer le cinéaste de La donation, Bernard Émond, à Locarno, Sébastien Pilote inscrit dans son film un contexte social de fermeture d'usine. «L'acheteur d'une voiture est un personnage au chômage qui vient juste de perdre son travail», dit-il.

Avec un scénario ponctué de silences et un interprète comme Gilbert Sicotte, Sébastien Pilote estime avoir «trouvé le bon ton» pour parler de ce vendeur de voitures et de sa fille, jouée par Nathalie Cavezzali. «Cela aurait pu être très caricatural, mais on a un résultat intéressant», estime-t-il.

Bernadette Payeur


Le projet est né de la rencontre entre Sébastien Pilote et la productrice de Bernard Émond, Bernadette Payeur (ACPAV). «L'ACPAV m'avait demandé un scénario pour une fiction; je me suis alors rabattu sur un projet de documentaire que j'avais et me suis inspiré de la recherche pour écrire le film.»

De cette première expérience, Sébastien Pilote sort éprouvé, mais visiblement ravi. «Ma crainte était d'être pris dans le ciment, mais, finalement, j'ai pu continuer à travailler d'une manière proche du documentaire. J'ai pu improviser un peu», dit-il.

Doté d'un budget de 2,8 millions, le film a été tourné entièrement en 35mm «pour la beauté de la chose»: «C'est un support plus intéressant que la vidéo, dit-il. C'est certain que c'est différent de tourner en 35 et de travailler avec une grosse équipe.»

Quand on lui demande s'il a le sentiment de réaliser un rêve, Sébastien Pilote se montre pragmatique. «Oui, parce que je voulais faire un film, mais pas à tout prix en 35mm. Je vis quelque chose de fantastique, mais je ne suis pas «groupie»», estime-t-il.

Au cours du mois de mars, il entamera le montage du film à Montréal aux côtés de Michel Arcand et espère poursuivre la postproduction en juillet. Le film sera distribué par Séville à une date encore inconnue.