Il est maigrelet, d'apparence atypique, et sa vie n'a rien de particulièrement édifiant. Elle est sublime de beauté, d'une grande élégance, et ne devrait en principe jamais s'intéresser à un type comme lui. Dans She's Out of My League, le Montréalais Jay Baruchel hérite de son premier grand rôle hollywoodien.

Jay Baruchel n'en fait pas du tout de cas. Dans les faits, She's Out of My League est pourtant le premier film hollywoodien dans lequel il est la tête d'affiche. L'acteur montréalais, dont la cote américaine est montée en flèche depuis la comédie de Judd Apatow Knocked Up, préfère garder la tête bien froide. Exerçant ce métier depuis son adolescence, Baruchel compte déjà 15 ans d'expérience en télévision et en cinéma.

«Pour chaque rôle de soutien que j'ai tenu dans un film américain, il y avait un rôle principal qui m'attendait à mon retour au Canada, faisait remarquer l'acteur au cours d'une récente rencontre de presse à New York. Un premier rôle d'un côté ou de l'autre de la frontière, pour moi, cela ne fait pas beaucoup de différence.»

Peut-être. N'empêche que le nom de celui que nous verrons le 14 mai dans The Trotsky, le nouveau - et célébré - long métrage de Jacob Tierney, est de plus en plus évoqué sur Hollywood Boulevard. Au cours des deux dernières années, Baruchel s'est notamment fait remarquer dans Tropic Thunder, Nick and Norah's Infinite Playlist et Night at the Museum: Battle of the Smithsonian. Outre She's Out of My League, deux autres productions américaines figurent à son programme au cours des prochaines semaines. L'acteur a prêté sa voix à l'un des personnages de How to Train Your Dragon, un film d'animation (sortie le 26 mars), et il donne la réplique à Nicolas Cage et Monica Bellucci dans le film à grand déploiement The Sorcerer's Apprentice (sortie 16 juillet).

Malgré cet irrésistible appel des sirènes, il n'est pas question pour lui de quitter Montréal. «Je ne pourrais pas vivre ailleurs, dit-il. J'aime trop cette ville. C'est la plus belle de toute l'Amérique du Nord!»

Bien dans sa peau

De l'aveu même de ses artisans, She's Out of My League, à l'affiche demain, est une comédie franche «qui a du coeur». Réalisé par le britannique Jim Field Smith, qui signe ici son premier long métrage, le film relate une liaison amoureuse improbable entre une jeune femme «parfaite» (cotée «10» - genre «celle qui suscite tous les fantasmes»), et un jeune homme modeste d'apparence physique atypique (coté «5»). Même dans ses rêves les plus fous, jamais ce dernier n'aurait pu imaginer attirer l'attention d'une telle reine de beauté. D'où le titre.

Clairement inscrite dans le courant de ces comédies «à la Apatow», She's Out of My League évoque quand même une volonté de creuser un peu plus le thème de «l'attirance» et tous les mystères qui l'entoure.

«Si j'ai bien fait mon travail, le spectateur ne trouvera pas mon personnage pitoyable, bien au contraire, explique Baruchel. Il m'importait de montrer que cet homme pourrait avoir accès au bonheur même s'il n'avait jamais rencontré cette femme.»

Le comédien prête ainsi ses traits - mais pas tout le reste - à Kirk, un préposé à la sécurité, en poste à l'aéroport de Pittsburgh. Le «pas tout le reste» veut dire que pour une scène de nudité, au cours de laquelle le postérieur du jeune homme est montré dans toute sa splendeur, Baruchel a pu choisir sa «doublure». «C'était drôle de faire un choix, reconnaît-il en riant. J'ai choisi les fesses les moins poilues!»

La rencontre avec Molly (Alice Eve) se fait bien sûr par accident. Ayant oublié son téléphone portable après avoir traversé le détecteur de métal à l'aéroport, l'amazone - tous les préposés à l'aéroport en perdent leurs moyens - fixe un rendez-vous à Kirk afin de récupérer le précieux objet.

À partir de ce point de départ, les scénaristes, Sean Anders et John Morris (Sex Drive), ont imaginé une improbable histoire à caractère sentimental, l'arrivée d'une femme de rêve dans la vie du jeune homme n'étant pas du tout envisageable dans son esprit. Ni dans celui de ceux qui l'entourent, à commencer par ses potes (Mike Vogel, T.J. Miller et Nate Torrence) et son ancienne flamme (Lindsay Sloane), pas plus que dans celui de sa famille.

«Évidemment, nous avons fait en sorte que le film soit très drôle, mais je tenais à ce qu'il y ait quand même une dimension supplémentaire, explique Jim Field Smith, un réalisateur issu essentiellement de la télé et du monde de la pub. À mes yeux, Jay est le Ben Stiller de sa génération. Il est attachant; il est hilarant; et il possède aussi une vraie puissance dramatique.»

L'acteur, âgé de 27 ans, se retrouve ainsi à camper le rôle d'un héros romantique pour la première fois à l'écran.

«Je n'ai jamais embrassé une amoureuse en public ou même devant mes amis tellement je suis pudique, confie-t-il. Et là, je me suis retrouvé à devoir embrasser Alice Eve à répétition devant une équipe de 50 personnes! Mais c'est vrai qu'il y a des emplois plus difficiles que celui-là!»

Comme tout bon Montréalais, Baruchel est bien entendu maniaque de hockey. L'une des scènes de She's Out of My League se déroulant pendant une «vraie» partie des Penguins de Pittsburgh, l'acteur a eu l'occasion de rencontrer Sidney Crosby, l'une de ses idoles absolues. «De ma vie, je n'ai jamais été autant impressionné que ce jour-là!»

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She's Out of My League (Trop belle, en version française) prend l'affiche demain. Les frais de voyage ont été payés par Paramount Pictures.