Délaissant pour un moment ses attributs de vampire, Robert Pattinson s'est jeté corps et âme dans un drame contemporain placé sous le sceau de la tragédie. Dans Remember Me, Emilie de Ravin, Chris Cooper, Lena Olin et Pierce Brosnan lui donnent la réplique.

Le titre français de Remember Me est sans équivoque. Même si 55 années séparent la sortie de La fureur de vivre à celle de La rage de vivre, il y a ici une volonté évidente d'évoquer l'esprit du célèbre Rebel Without a Cause de Nicholas Ray. Au coeur de ce drame romantique aux accents tragiques, un jeune rebelle. Habité par d'intenses pulsions. L'acteur britannique Robert Pattinson, dont l'image sera à jamais associée à celle d'Edward Cullen (le vampire de Twilight), se glisse cette fois dans la peau d'un jeune homme en rupture de ban avec la société en général, et avec son père en particulier (Pierce Brosnan). Le jour où il tombe amoureux d'une jeune femme ayant déjà vécu une tragédie familiale (Emilie de Ravin), la situation se complique un peu; le père de la jeune femme, policier (Chris Cooper), voyant d'un oeil suspect cette union de deux âmes blessées.

«Les temps ont beau changer, cette espèce de révolte intérieure qui nous anime tous au moment de la jeunesse est toujours la même, peu importe l'époque dans laquelle on vit, faisait remarquer le réalisateur Allen Coulter (Hollywoodland) au cours d'une entrevue accordée à La Presse. Et puis, Robert Pattinson a quelque chose de James Dean. C'est évident. Il provoque la folie partout où il passe.»

Catapulté dans les plus hautes sphères du vedettariat grâce aux adaptations cinématographiques tirées des livres de Stephenie Meyer, l'acteur était encore un pur inconnu quand le cinéaste l'a rencontré pour discuter du rôle de Tyler Hawkins, le protagoniste de Remember Me.

«Je ne savais pas qui il était; il n'était même pas sur mon radar, reconnaît Coulter. Twilight n'avait pas encore pris l'affiche à ce moment-là. J'ai accepté de le rencontrer sur la recommandation des producteurs, qui pressentaient que Robert pouvait être parfait pour le personnage de Tyler. Nous avons dîné; et ma réaction fut entièrement instinctive. Même si personne ne connaissait Robert encore, j'ai fixé mon choix sur lui. Et je ne le regrette pas!»

Pas de regrets, non. Sauf que plusieurs scènes étant tournées dans les rues de New York, il a fallu gérer le trop-plein d'enthousiasme des admirateurs-trices qui avaient déjà fait un triomphe de Twilight, sorti alors depuis peu.

«Non seulement avions-nous à nous préoccuper de la logistique du film, mais il fallait de surcroît gérer quotidiennement la présence constante de 50 à 60 paparazzis, commente le réalisateur. Et l'on ne parle même pas de ces milliers de fillettes expressives qui étaient prêtes à attendre des heures loin du plateau de tournage, simplement pour entrapercevoir Robert quelques secondes. C'était complètement fou!»

Un succès à gérer

De nature très timide, le beau ténébreux britannique apprend à composer avec toute cette attention.

«Au début, c'était difficile, a concédé l'acteur au cours d'une rencontre de presse tenue à New York récemment. J'ai toutefois appris à entrer dans une bulle quand je joue. Je fais abstraction de tout. Je ne pourrais pas y arriver autrement. Sur le plateau de Remember Me, c'était d'autant plus étrange que je ne connaissais personne au début. Je tourne présentement un nouveau film dans un endroit retiré en Angleterre - il n'y a personne autour - et j'avoue me sentir mille fois plus à mon aise!»

Dans Bel Ami, une adaptation du roman de Maupassant, l'acteur âgé de 23 ans donne notamment la réplique à Uma Thurman, Christina Ricci et Kristin Scott Thomas. Comme il tient à tenir les rênes de sa destinée professionnelle, Pattinson s'implique désormais dans les projets auxquels il participe. Il est d'ailleurs crédité aussi en tant que producteur délégué au générique de Remember Me. Il affirme beaucoup apprendre de ses partenaires de jeu.

«Quand on joue avec des acteurs accomplis comme Lena Olin, Pierce Brosnan et Chris Cooper, on ne peut que s'enrichir, dit-il. Je n'ai pas encore beaucoup d'expérience mais il m'importe avant tout d'essayer de mettre de l'avant mon travail en choisissant des films de qualité. Je sais que cette bataille sera difficile à livrer. J'essaie de trouver le bon équilibre entre la notoriété et la démarche artistique. Johnny Depp est un modèle pour moi. Il réussit à manier tous ces aspects à merveille.»

Chris Cooper, avec qui Pattinson a joué plusieurs scènes de nature dramatique, ne pourrait souscrire davantage à ces propos.

«J'aime le fait que Robert soit lucide; qu'il soit conscient du caractère exceptionnel de sa notoriété, souligne le vétéran. Je souhaite qu'un acteur vedette aussi populaire que lui puisse lui parler, lui indiquer comment bien gérer tout cela. Je lui souhaite de trouver les bons projets. Parce qu'au bout du compte, le travail constitue la chose la plus importante dans une carrière.»

Pattinson compte par ailleurs imiter d'autres idoles - Leonardo DiCaprio, George Clooney - et fonder un jour sa propre compagnie de production.

«J'attends d'avoir un peu plus de bagage, d'être mieux établi. Pour l'instant, je ne me sens pas encore assez armé», conclut le sage jeune homme.

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Remember Me (La rage de vivre en version française) prend l'affiche aujourd'hui. Les frais de voyage ont été payés par Films Séville (Summit Entertainment).