Remettre Clash of the Titans au goût du jour a nécessité un remaniement de fond - tant sur le plan de l'esthétique du film que de la trame narrative de l'histoire du demi-dieu Persée.

À la barre du projet, le plus américain des réalisateurs français, Louis Leterrier. En tête de distribution, l'acteur australien Sam Worthington qui quitte ainsi la planète Pandora pour s'installer au pied de l'Olympe. Un travail de titan les attendait. 

Engagez-vous, qu'ils disaient! C'est une déclinaison de cette formule que Louis Leterrier a lancée à ceux qu'il allait mettre devant sa caméra lors du tournage de Clash of the Titans, remake du film de Desmond Davis paru en 1981: «Êtes-vous prêts à vous faire tremper, à être sales, à vous sentir malheureux, à avoir chaud ou froid ou faim et à avoir mal pendant les six prochains mois? Ils ont tous dit oui. Et ils l'ont regretté tous les jours», rigole le réalisateur - en enjolivant l'invitation faite à l'époque et ses conséquences.

«Vous vous doutez que vous allez avoir des problèmes quand vous entendez « Silence, on tourne! « et que toute l'équipe technique se sauve», souriait Sam Worthington en se rappelant quelques journées particulièrement chaudes - ou froides ou «mouillées» - lors d'une conférence de presse tenue à Los Angeles, en prévision de la sortie de la nouvelle version du film dont le légendaire Ray Harryhausen signa les effets spéciaux.

Trop de remakes !

Des effets spéciaux qui datent, et qui semblaient dater même au moment de la sortie originale du long métrage. Le temps était-il donc venu de remettre au goût du jour l'histoire de Persée? «Ça, on le saura en voyant les résultats du premier week-end au box-office», ironise le vétéran producteur Richard Zanuck, une lueur amusée dans le regard, avant d'avouer que, personnellement, il trouve qu'il se fait trop de remakes à Hollywood et qu'il aimerait voir plus de «nouveau matériel porté au grand écran».

Or, ce Clash of the Titans qu'il produit est - presque - du nouveau matériel: la nouvelle version ne revisite pas que l'esthétique de l'oeuvre originale - ne sommes-nous pas dans l'ère du numérique, de l'écran vert et du 3D? Le long métrage puise jusqu'à plus soif à ces trois sources -, mais, aussi, son fil narratif. «D'une certaine manière, c'est Star Wars: un fils qui est l'ennemi de son père et qui va le combattre», fait Sam Worthington.

Le rôle de Persée l'a intéressé quand, à la lecture du scénario, il s'est rendu compte que l'histoire n'était plus, comme dans l'original, celle d'un homme qui, subjugué par la beauté d'une femme (Andromède), va combattre des monstres jusque-là invaincus; mais plutôt celle «d'un homme qui a perdu sa famille aux mains des dieux et qui mène une quête afin de la venger et de s'en créer une autre». De plus, «j'aime l'idée que Persée rejette son côté divin et mène sa quête à bien en ne se servant que de ses capacités humaines. Pour moi, c'est un meilleur message à passer aux jeunes».

Pour le passer, ce message, et pour la dire, cette histoire, les artisans de Clash of the Titans voulaient que le poids de l'Histoire se sente. Dans les lieux, les paysages, jusque dans la poussière. «Il n'était pas question de dire au studio: «On va à Montréal et on refait 300.» Il était important d'aller loin, d'être dehors, de tourner dans de véritables lieux et non des décors. Et pour cela, nous avions besoin d'argent», résume le producteur Basil Iwanyk.

Ils sont donc partis - «Ils», c'est-à-dire quelque 800 personnes - à Ténérife (sans les îles Canaries), au pays de Galles, en Éthiopie, avec un détour dans des studios situés près de Londres. Et ils ont tourné. En 2D. «Le film était terminé quand le studio a pensé qu'il pourrait être plus gros en 3D», note ici Basil Iwanyk. «Et j'ai terminé le transfert cette nuit, vers 3h30», conclut Louis Leterrier.

Fier de ce coup. Et fier que le remake ainsi produit «ait été fait sans aucun cynisme, par des gens qui aiment l'original et ne se prennent pas au sérieux: nous ne nous sommes jamais dit que cette scène ou cette phrase allait révolutionner la manière dont les gens voient les hommes et les dieux. Nous avons voulu faire un bon film d'aventures. Avec un choc et des titans!»

Clash of the Titans (Le choc des titans) prend l'affiche le 2 avril Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.