Les films en 3D prennent les cinémas d'assaut en 2010. Au cours de l'année, un total de 23 longs métrages, comme Avatar ou Alice au pays des merveilles, paraîtront au grand écran, engendrant un véritable casse-tête pour les propriétaires de salles de cinéma qui, s'ils veulent conserver leur clientèle, doivent investir des sommes importantes pour se procurer les projecteurs nécessaires à la présentation de ces oeuvres.

Et le temps presse puisque la troisième dimension a déjà commencé à envahir les écrans. La semaine dernière, How to Train Your Dragon a pris l'affiche. Puis, ce vendredi, Clash of the Titans s'ajoutera à l'horaire des salles. L'arrivée de plusieurs films en 3D pendant la même période oblige les cinémas à faire des choix. Devant l'incapacité de présenter en même temps quatre films en 3D, les cinémas Guzzo cesseront, à partir de la première fin de semaine d'avril, de diffuser Avatar et Alice au pays des merveilles.

En moyenne cette année, deux films en format 3D s'ajouteront chaque mois à la programmation des salles. Pour répondre à la demande et éviter des baisses de revenus, les propriétaires de cinémas doivent acheter l'équipement permettant de projeter ces longs métrages, souligne Simon Beaudry, président de Cinéac, la firme qui compile les entrées de cinéma dans la province.

«C'est impératif pour les salles, car les revenus générés par plusieurs de ces films sont importants», indique-t-il. L'an dernier, les films en trois dimensions représentaient 9,2% (19 millions) du box-office total au Québec. M. Beaudry souligne néanmoins qu'une oeuvre en 3D n'est pas un gage de succès et que tous les films ne réussiront pas à fracasser les records d'Avatar, qui a récolté des recettes de 19 809 548$, seulement dans la Belle Province. Présentement, 79 salles -10% - sont équipées pour présenter ce genre de film.

«On va se retrouver avec de plus en plus de films en 3D», signale le vice-président des cinémas Guzzo, Vincent Guzzo. Pour faire face à la demande, son entreprise a acheté 30 nouveaux projecteurs - pour une valeur de deux millions - qui seront installés en septembre. Parmi les 148 écrans appartenant au groupe, 42 sont présentement en mesure de projeter How to Train Your Dragon ou encore Clash of the Titans.

«On ne s'attendait pas à un engouement pour le 3D d'une telle ampleur, ajoute pour sa part Daniel Séguin, vice-président à l'exploitation pour l'est du Canada et directeur général du Québec chez Cineplex Divertissement. Avec le nombre de films qui arrivent en même temps, ça complique un peu les choses. Mais on s'assure que dans les prochaines semaines, on va être capables de répondre à la demande.»

Au Québec, une trentaine de salles de la compagnie Cineplex peuvent diffuser en 3D. Et M. Séguin assure que de nouveaux projecteurs sont installés un peu partout chaque semaine.

Mais tous les cinémas ne peuvent se payer une telle technologie, souligne le président de l'Association des propriétaires de cinémas et de cinéparcs du Québec, Didier Farré. «C'est de l'argent que tout le monde n'a pas», dit-il en faisant référence aux petits exploitants, dont plusieurs sont situés en région. Pour cette raison, M. Farré souhaite que la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) donne un soutien financier aux salles de cinéma pour les aider à se procurer l'équipement.

Du côté de la SODEC, on assure que le président et chef de direction de l'organisme, François Macerola, est prêt à rencontrer les représentants de l'Association mais, avant de s'asseoir avec eux, il souhaite que ceux-ci identifient d'abord les besoins de l'industrie et qu'ils tentent de trouver des pistes de solution.

LE COÛT D'UNE SALLE NUMÉRIQUE

> Changement de la fenêtre, de la pression électrique et de l'aération: 15 000$

> Équipement pour convertir la salle en numérique : 70 000$

> Équipement pour le 3D: 15 000$

>>> Total des dépenses : 100 000$

Source : Didier Farré, président de l'Association des propriétaires de cinémas et de cinéparcs du Québec.