Pour sa première année, le Festival de cinéma latino-américain (FCLM) de Montréal commence fort: c'est le film El secreto de sus ojos, gagnant de l'Oscar du meilleur film étranger, qui a ouvert le bal hier soir. Mais cette «grosse prise» ne doit pas faire oublier le reste de la programmation, qui est présentée au Cinéma du Parc jusqu'au 15 avril. Les choix de La Presse. 

Cinéma-vérité

À 5 ans, Nathan vit à Rome avec sa mère. Mais pour la première fois, il va rejoindre son père au Mexique. L'homme et son fils entament leur odyssée sur l'océan, en quête d'une redécouverte mutuelle et de l'apprentissage des traditions maya. D'une grande beauté et d'une grande pureté, ce film contemplatif quasi documentaire, dominé par le murmure des vagues et le silence de la mer, est notre coup de coeur du festival. Les paysages sont sublimes (tout a été tourné dans le récif de Chinchorro au Yucatan) et l'interprétation est sans faute. Forcément: tout ici est vrai.

Alamar, ce soir 17h, le 12 avril à 21h

Vivre avec elle est insupportable

La bonne. Elle vit dans la famille depuis toujours. Mais son influence va beaucoup plus loin que le ménage. Impliquée jusqu'au cou dans la vie de ses employeurs, elle prend des initiatives, puis des libertés. Jusqu'où cela ira-t-il? Faut-il la remercier? Oui, mais comment? Avec le slogan «La remplacer est impossible, la renvoyer est impensable, mais vivre avec elle est insupportable» cette comédie chilienne douce-amère a remporté le prix spécial du jury au dernier festival de Sundance. La comédienne Catalina Saavedra a reçu une nomination comme actrice aux plus récents Golden Globes.

La Nana Ce soir 21h, 10 avril 19h

À tue-tête

Vous conduisez. Vous heurtez quelque chose. Ou quelqu'un. Était-ce un homme ou un chien? Si Veronica s'était arrêtée ce matin-là, elle en aurait eu le coeur net. Mais elle a filé. La mujer sin cabeza est l'histoire d'un lamentable hit and run et des jours suivant le drame. Dopée par le doute et la culpabilité, Veronica se déconnecte progressivement du réel et des gens qui l'entourent. Marqué par la performance de Maria Onetto, ce film d'auteur psychologique, réalisé par l'Argentine Lucrecia Martel, a été sélectionné au dernier Festival de Cannes.

La mujer sin cabeza 5 avril 17h, 14 avril 19h

Pas le Pérou...

Prix du public au dernier festival de Sundance, Contracorriente raconte la liaison secrète entre un homme marié et un peintre, dans un village côtier du Pérou. Dans ce bled perdu, où les traditions sont bien ancrées, Miguel va d'abord cacher son amour pour Santiago. Mais des événements tragiques le forceront à faire un choix. Un drame sur le choc de deux mondes, servi par une photographie inspirée, qui semble en voie de connaître une carrière internationale en dehors du circuit gai.

Contracorriente 7 avril 17h, 10 avril 19h

L'imposteur

Jorge est préposé aux bénéficiaires dans un hôpital gériatrique, mais rêve d'être un artiste. Sa rencontre avec un vieil autiste l'aidera à réaliser son fantasme. Car le vieillard est justement peintre. Et génial. Vous imaginez le reste. Jorge se fait passer pour l'auteur des oeuvres de l'autre et se trouve rapidement prisonnier de la spirale du mensonge. Un ton unique, pour un film tout aussi unique, qui égratigne au passage le monde prétentieux de l'art. À noter que l'imposteur est joué par un chanteur argentin connu (Sergio Pangaro) et le vieil autiste par un grand écrivain national (Alberto Laiseca).

El artista 11 avril 17h et 13 avril 19h

Ça dure 4 heures!

Pour souligner les 100 ans du cinéma argentin, le FCLM se paie la traite, avec trois films qui ont fait date. Outre les classiques Dios se lo pague (1948) et La Tregua (1974), le festival présente Historias extraordinarias, du réalisateur Mariano Linas. Sorti en 2008, Historias est présenté comme le «film-événement du cinéma argentin contemporain». Avec raison, puisqu'il dure pas moins de 245 minutes, soit très exactement quatre heures et cinq!!! Inspiré par les écrivains Borges, Stevenson et Pynchon, cet «océan d'histoires croisées» englobe trois histoires n'ayant apparemment aucun lien entre elles. Le reste est inracontable, mais il est question de légendes, de trahisons, de contrefaçons, d'identités multiples et de la disparition d'un trésor.

Historias extraordinarias Dimanche 4 avril, 13h.

Informations:

www.fclm.ca